Le supporter tel un atout marketing : l'exemple du R.C.Lens
Comment ce chant de supporters importé de Grèce sert la communication numérique du Racing Club de Lens ?
Si il y a bien quelque chose que l’on ne peut retirer aux supporters lensois, c’est leur sens de l’innovation lorsqu’il s’agit de renouveler leur répertoire de chants de supporters. Guidé par le groupe ultra Red Tigers 94, le kop artésien (le Collectif Tony Marek, du nom de la tribune latérale) s’est inspiré cette année du clapping qui trouve ses origines en Grèce ou en Turquie. Sa première apparition en France se fait à Nice.
Ce n’est pas vraiment un chant, plutôt une manifestation d’autorité et de puissance des tribunes. Bras tendus vers le ciel, silence de mort, les supporters claquent des mains d’un seul homme tout en scandant le nom de leur club, sous l’impulsion du capo qui donne le rythme au centre du terrain ou sur son perchoir.
Lancé dès le premier match à Bollaert, il faudra attendre la 5ème journée, le 30 août 2013, pour que le clapping soit adopté par tout le public sang et or. En cela, le club a bien aidé les supporters en invitant le capo à descendre au centre de la pelouse comme c’est le cas dans la vidéo du PAOK ci-dessus.
Victorieux aux termes des 90 minutes, les joueurs lensois viennent remercier le public qui les a soutenu tout au long du match. L’occasion est trop belle pour le responsable de la communication du club de filmer ce moment assez intense qui fera le tour du web. La vidéo atteint 276.000 vues en cette fin novembre.
En 2013 à Lens, on a du pétrole et des idées
Il n’en fallait pas plus pour systématiser cette communion entre joueurs et supporters à chaque victoire à Bollaert (7 victoires, 1 match nul, invincibilité en cours). Le phénomène nous apparaît intéressant car - à notre connaissance - il s’agit d’une première en France. Un acte de supportérisme est utilisée par le club pour valoriser son image sur la toile. Le buzz est tel que supporters et dirigeants du club sont à l’unisson pour en faire une célébration récurrente à chaque victoire du club à domicile.
Cette traditionalisation d’un acte de supportérisme démontre une fois de plus les liens particuliers qui unissent ce club à son public. Les bons rapports entre les associations et Gervais Martel - et les bons résultats actuels ne nous mentons pas - permettent ce genre d’évènement. Pour chacune des parties, le bénéfice est présent : le club s’appuie sur l’un des points forts de son image : son public renommé dans toute la France et les supporters partagent un moment privilégié avec leurs joueurs. Le club est également gagnant lorsqu'il montre une équipe et un kop qui ne font qu'un, détonnant dans un paysage footballistique hexagonal où le peuple des tribunes est plus perçu comme un élément nuisible que commercialement attractif.
Souvent raillé pour son archaïsme, le Racing Club de Lens a su profiter de cette aubaine pour communiquer à moindre frais. On se souvient des fours subis pour les opérations de marketing d'envergure dernièrement : on a tous du Lens en soi en partenariat avec Reebok et l'opération de crowdfunding en collaboration avec My Major Company.
À consulter également, l'article Célébrations abusives : bientôt le clap de fin sur Teamfoot.fr
A terme cependant, cette célébration de fin de match risque de lasser les joueurs qui se sentent obligês de se déplacer face à la Marek. Mais pour l'heure dans un contexte sportif et économique enfin assainis, chacun savoure cet instant si rare dans le football français. Que ce soit la volonté des joueurs de partager ce moment avec les amateurs de Creil en Coupe de France ou Areola qui n'hésite pas à monter sur le perchoir du capo, le Racing et ses supporters prouvent qu'ils sont à part dans le paysage footballistique français. Vraiment à part.