En tentant d'imposer les matchs de Ligue 2 le vendredi à 18h45 pour ne pas faire de l'ombre à son affiche de Ligue 1 qui se déroule le soir même, BeIn Sport provoque la colère des associations de supporters. Les dirigeants du football français s'abstiennent quant à eux d'entrer en conflit avec la nouvelle vache à lait du foot hexagonal...
Il est 19 heures, nous sommes en 2002 et nous entrons dans l'agglomération de Lens, symbolisée par le carrefour entre la Route de Béthune et l'A25. C'est ici, pour ceux qui viennent de l'autoroute, de l'ouest du Pays de l'Artois et de la rocade que les bouchons commencent. Et pourtant...nous ne sommes qu'à une heure du match et à 3km du stade Bollaert et la circulation liée aux migrations pendulaires entre les domiciles et les lieux de travail est nulle puisque nous sommes samedi.
Partout, dans chaque ville où se tient un match de l'élite française du ballon rond, c'est le même rituel, affronter l'engorgement des voies d'accès les soirs de Ligue 1 ou de Ligue 2 et qui obligent les supporters à tenir compte de cette contrainte pour se rendre au match.
Une contrainte qui n'a apparemment pas sauté aux yeux des décideurs du football français puisque la LFP, sous la pression de BeIn Sport, souhaite démarrer les matchs à 18 heures...le vendredi. Une décision ubuesque qui trouve son origine dans la volonté du diffuseur de ne pas nuire à la visibilité de son affiche de Ligue 1 qui sera certainement diffusée à 20h30 / 20h45.
UNE FRACTURE CATHODIQUE DU FOOTBALL FRANCAIS EN PASSE DE DEVENIR UNE CASSURE PHYSIQUE
Nous avions déjà souligné la fracture cathodique que connaît le football français en multipliant ses retransmissions sur les chaînes à péage. En souhaitant maximiser son colossal investissement, BeIn Sport est en passe de provoquer une cassure physique entre les clubs de Ligue 2 et leurs spectateurs. Comment se rendre au stade un vendredi soir, entre la congestion provoquée par l'afflux des spectateurs, les départs en weekend et les sorties de boulot ? Hormis ces considérations urbaines, quelle impact sur la fréquentation des stades de Ligue 2 ? Cette division peine déjà à attirer et fidéliser ses spectateurs à cause d'un jeu souvent fermé et engagé, nous ne sommes pas sûrs que contraindre une fois de plus les supporters soit une idée lumineuse, tant au niveau des relations tendues entre asso' et dirigeants de club mais également au niveau économique...
LE SILENCE COMPLICE ET FAINÉANT DES PRÉSIDENTS DE CLUB
Le plus inquiétant dans tout cela, c'est certainement l'attitude des présidents de Ligue 2. Dans cet article de So Foot comme c'est le cas pour Jean-Pierre Louvel, président du HAC :
« On aurait préféré que les choses restent comme avant, mais il faut rester raisonnable, commencer après 19h, ce n’est pas possible. Al Jazeera a déjà pris une option sur 18h ou 18h30. La négociation va être serrée, mais je crois que personne n’a intérêt à entrer dans un conflit, et surtout pas Al Jazeera, car c’est aussi leur image qui est en jeu. »
Avec une offre de 20 millions d'euros pour s'acquitter des droits de retransmission des matchs de Ligue 2 le vendredi soir, Be In Sport a mis plus qu'aucun autre pour une ligue qui apparaît de plus en plus alléchante puisque plus ça va et plus elle se transforme en cimetière des éléphants du football français des années 90. On comprend alors que Louvel et consorts ne souhaitent pas froisser leur nouveau partenaire privilégié, au détriment de se mettre une nouvelle fois à dos les associations de supporters.
En 2011-2012, 3.2 millions de spectateurs ont fait le déplacement dans les enceintes de Ligue 2, c'est 23 % de plus que par rapport à 2010-2011. Une progression qui risque de continuer puisqu'avec l'arrivée d'Auxerre, avec les nouveaux stades du Mans et du Havre, la présence de Nantes, Lens ou Monaco, l'antichambre de l'élite apparaît intéressante au fil des ans.
En se coupant d'une partie de son public, les dirigeants de club reproduisent une fois de plus la même erreur : entrevoir les bénéfices provoqués par les droits TV à court terme tout en refusant d'entreprendre des démarches de modification en profondeur de leur modèle économique qui viserait à fidéliser les spectateurs locaux.
RADICALITÉ OU VOIE POLITIQUE POUR LES ASSOCIATIONS DE SUPPORTERS
Ce sont ces deux voies qui s'offrent alors aux associations de supporters qui continuent à se voir délivrer du caca dans la bouche comme Song délivre les louches pour RVP. Dans le premier cas, des opérations coups de poing sont certainement à prévoir : banderoles, grèves des chants, voire boycott...autant d'actions limitées dans ce contexte d'un journalisme sportif adepte de la pensée unique.
On le répète, la survie des associations de supporters français passe par le fédéralisme comme c'est le cas en Allemagne. En continuant à lutter de manière sporadique et éparpillée dans tous les stades de France, les asso' ne sont pas crédibles aux yeux des dirigeants ou de la ligue. Celles-ci doivent profiter de la présence d'un nouveau ministre des sports pour acquérir une certaine contenance politique qui péserait dans les décisions du foot français et plus particulièrement sur celles qui les concernent : animation des stades, rôle à jouer dans la vie du club, coût des accès aux tribunes...
Malheureusement à ce jour, aucune association de supporters n'ose s'engager sur la voie de la conciliation avec ses consoeurs. Facile à dire lorsque des individus consacrent une large partie de leurs temps de loisir à gérer des associations au niveau local. La superposition d'une responsabilité au niveau national devient alors un casse tête...uniquement pour défendre une passion qui coûte plus qu'elle ne rapporte...
Retrouvez la pétition de www.sos-ligue2.com, regroupement des associations de supporters de certains clubs de Ligue 2 qui refusent de voir les matchs se jouer à 18h45 le vendredi.
Urbaniste maudit, passionné des phénomènes sociaux qui gravitent autour du foot, il est le dernier fan en vie du 4-2-4.
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Crash
11 Juin 2012
Pétition signée.
bailly ghislain
12 Juin 2012
je suis un sopportaire de sedan et je quitte mon travail a 19h alor je
ne pourrai plus aller au stade mercie