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Nous étions à Impact Montréal -New York Red Bulls

Nous étions à Impact Montréal -New York Red Bulls

Présents à Montréal le week-end dernier, c'était l'occasion idéale de se rendre à un match de MLS afin de goûter à cette ligue qui fête cette année ses 20 ans d'existence. Un periple qui nous a permis d'interviewer le capo des Ultras Montreal, histoire de constater qu'en Amérique du Nord ou en Europe, les difficultés des supporters restent identiques.

Si la saison vient juste de commencer en MLS, elle vient se confronter au dur climat quebecquois, cela même à la mi-mars. 3 jours avant, 40 cm de neige ont recouvert les rues de la principale ville francophone d'Amerique du Nord. Qu'importe, les deux premières rencontres à domicile de l'Impact se tiennent sous le toit du stade Olympique, structure voisine de l'habituelle antre des Montréalais, le stade Saputo. Austère. C'est le mot qu'il convient d'employer lorsque l'on parcourt les couloirs du stade de Henri Taillibert, qui est au passage le même architecte que celui qui a réalisé le Stadium Nord de Villeneuve d'Ascq (sic).

 


Panoramique du Stade Olympique de Montréal. 28.000 personnes avaient pris place dans les gradins



L'enceinte d'une capacité de quelques 65.000 places apparaît démesurée compte tenu de l'affluence du jour. Arpenter les couloirs pour rejoindre sa place donne l'impression de se balader dans un souterrain de n'importe quel immeuble. Si l'on peut comprendre que l'hiver oblige l'Impact a se réfugier dans ce stade, celui-ci donne l'impression d'être à moitié plein, limitant considérablement la pression que peut exercer le douzième homme.

 

  
Des fumis. En MLS. Dans un stade couvert. Devant un public familial qui s'en fout. REP A SA THIRIEZ


Le public justement. Derrière le but, le kop des Ultras Montréal, principal groupe de supporters peuplés de 400 âmes et qui n'a rien à envier à n'importe quel public de Ligue 1. Comme le fera remarqué notre voisin de siège d'un soir, les chants sont assez proches de ceux des tribunes de l'Olympique de Marseille. L'espace clos leurs permet de se faire entendre au contraire de la centaine de supporters des Red Bulls ayant fait les 7 heures de déplacement, ces derniers étant parqués en haut du stade olympique dans un coin. (Voir notre interview ci-dessous).

Dans les autres tribunes, les spectateurs donnent l'impression d'être venus consommer un moment de loisir en famille. Principalement des communautés italienne et grecque. Beaucoup d'enfants, la sécurité est d'ailleurs bien moins drastiques que dans les enceintes européennes. J'ai ainsi pu rentrer avec un reflex équipé d'une grande focale sans que cela ne pose de problème. Pour accéder aux tribunes les plus proches du terrain, les spectateurs longent le rectangle vert, à l'endroit même ou les remplaçants s'échauffent.

 

      
Tranquilou bilou, il est facile de circuler au plus près de la pelouse. Ici, une simple barrière peut arrêter ces sauvages qui peuplent nos tribunes. Au premier plan, un supporter imite le gardien de Montréal face à un tir de Luyiundula


Chose plutôt amusante, lorsque l'arbitre distribuait les cartons jaunes aux joueurs du Red Bull, cela était perçu comme un mini-événement. Je vous laisse imaginer lors de l'expulsion d'un des joueurs adverses...

Il faut dire que sur le terrain, il y a peu de raisons de s'enthousiasmer. Henry absent côté RB, idem pour Nesta du côté de l'Impact, on ne peut pas dire que l'on a assisté à une démonstration technique. Festival de mauvaises passes et de mauvais choix, les seuls à se démarquer furent finalement Bernier et Juninho, disposant d'un bagage technique supérieur aux autres joueurs.

 

        
Pegguy Luyiundula de l'école de la kinesthésie Vedran Runje

 

L'entretien avec Eric, capo des Ultras Montréal
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Peux-tu me présenter en quelques mots l'histoire des Ultras Montréal ?

Les Ultras Montréal existent depuis 11 ans déjà. Le groupe a vu le jour en 2002 alors que le club jouait en D2 devant des foules ridicules dans une ambiance inexistante. L'objectif était d'encourager activement l'équipe, de créer un kop, en quelque sorte, puisque le club n'en avait pas. Nous nous reconnaissons dans le mouvement ultra principalement en raison de la passion affichée par les ultras pour leur ville et leur club; il fallait être passionné pour se pointer à chaque match dans notre ancien stade, et ramer envers et contre tous pour installer un kop dans des tribunes hyper familiales. Oui, on s'est fait insulter, oui, on s'est fait lancer des projectiles, oui, les dirigeants voyaient d'un mauvais oeil notre présence pendant une bonne partie de notre existence. Bref, les matchs à domicile étaient presque des déplacements en terrain hostile par moments. Notre groupe n'a pas d'origines européennes en tant que telles; nos cofondateurs sont Québécois. Cependant, quelques Européens (Français, Belges) se sont greffés au groupe, ce qui lui a donné sa "saveur" actuelle. Notre répertoire est résolument inspiré de ce qui se fait en Europe.

 

L'intégration de l'Impact dans la MLS a-t-elle changé beaucoup de choses pour vous ? Plus de restrictions sécuritaires ?

Le passage en MLS a amené beaucoup de gens en tribune. De 114 abonnés en kop en 2011, nous sommes passés à plus de 400 abonnés en 2012. Bien entendu, notre noyau a grandi aussi, mais dans une moindre mesure. Nous comptons une trentaine d'actifs, comparativement à une vingtaine en 2011. Sur le plan des restrictions, elles sont plus nombreuses, car la ligue a tendance à se mettre le nez là-dedans, ce qui n'était pas le cas en NASL (D2). À présent, il n'est pas rare de voir un représentant de la ligue en tribune pour surveiller le groupe, ce qui ne s'était jamais produit auparavant. La ligue se permet aussi d'imposer des sanctions pour utilisation de fumigènes et autres pièces pyrotechniques, notamment en levant ce qu'elle appelle les "privilèges" réservés aux groupes de supporters (utilisation de tambours ou de drapeaux en déplacement, notamment, voire l'interdiction de supporter l'équipe sur la route). Tout ceci est bien entendu imposé en plus des sanctions individuelles aux personnes identifiées comme ayant utilisé des fumigènes (IDS, amendes, etc.). Donc, on punit les personnes ET les groupes, une double sanction que nous décrions, bien évidemment, sans compter qu'une personne peut se voir à la fois interdite de stade et poursuivie par les autorités. Les sanctions varient selon les lois locales, mais à la base, ce sont les clubs qui décident de remettre les "coupables" aux autorités, sous la pression de la MLS... Et la ligue utilise ensuite des images de fumigènes pour faire son auto-promotion, bien entendu. Tout cela est clownesque.


Vous entretenez une rivalité avec Toronto. Comment se traduit-elle ?

Cette rivalité est naturelle. Montréal contre Toronto, Toronto contre Montréal. C'est normal. Ça se retrouve sur tous les plans, pas seulement dans les sports. Dans notre cas, nous leur réservons habituellement quelques banderoles, mais ils ne rétorquent pratiquement jamais. Pourtant, ils avaient lancé les hostilités en 2008 avec "Montréal, le petit frère mongol de Toronto." Cela dit, il y a des frictions et rares sont les matchs où il n'y a pas d'accrochages en dehors des tribunes, car les mouvements des supporters en dehors des stades sont mal gérés, voire pas du tout.


Quel œil portez-vous sur la stigmatisation des mouvances ultras en France et en Europe ?

Nous nous sentons concernés, bien évidemment. Quand on voit la tangente que cela prend en France, il y a de quoi s'inquiéter. Si on peut tuer l'ambiance d'un stade mythique comme le Parc des Princes au nom du fric en claquant des doigts, ça peut se reproduire n'importe où. Nous suivons ce qui se passe. Heureusement, ici, la ligue mise en partie sur l'ambiance pour attirer les gens au stade, ce qui fait qu'il y a encore moyen de progresser. Comme les bases viennent d'être jetées (le phénomène des groupes de supporters organisés est somme toute assez récent en MLS), il n'en tient qu'à nous d'orienter les débats pour défendre les intérêts des supporters. Vu notre historique, c'est ce que nous faisons depuis toujours, à notre échelle, au niveau de l'Impact de Montréal, car nous avons dû lutter pour notre survie pendant de longues années pour supporter un club qui ne désirait même pas nous accorder un bloc réservé au stade. Les rapports se sont nettement améliorés avec notre club, mais nous avons grandi dans l'opposition et donc le bras de fer avec la MLS ne nous fait pas peur.

 

              



Vous avez déplié une banderole "le football moderne à l'abattoir" quel était le sens de votre message ?

Lorsque nous jouons contre les Red Bulls de New York, nous profitons toujours de l'occasion pour exprimer notre dégoût quant à la façon de RB de racheter des clubs pour effacer toutes traces leur histoire, comme ils l'ont fait notamment en MLS avec les Metrostars. Pour nous, Red Bull est l'incarnation même du capitalisme sauvage qui détruit le football et tout ce qu'il représente. Dans ce cas-ci, on voulait envoyer le taureau à l'abattoir.


Comment vous organisez-vous pour les déplacements sur un territoire aussi grand ?

Nous organisons les déplacements de A à Z. Les déplacements se font en autocar nolisé et sont ouverts à tous les supporters du club. La présence des supporters non ultras est pour nous le seul moyen de pouvoir voyager en autocar et d'assurer un minimum de présence sur la route. Nous comptons nous déplacer sept fois cette saison, et notre déplacement le plus court est d'environ 6 h de route aller (New England). D'ailleurs, nous devons souligner l'apport des sympathisants, sans qui nous ne pourrions pas supporter notre équipe de la façon dont nous la supportons en ce moment. Ils sont vitaux pour le financement des tifos, notre présence sur la route et l'animation en tribune. Nous leurs devons une fière chandelle, notamment en déplacement, où ils ne se font pas prier pour donner de la voix, même les abonnés hors kop. Bien entendu, les déplacements les plus lointains sont quasi-impossibles à organiser, car nous devons prendre l'avion, ce qui coûte un bras (nous n'avons pas de low cost ici). Vancouver, Seattle, Los Angeles, pour nous, c'est comme aller à Londres ou à Paris, et c'est à peu près le même prix. La limite, pour un déplacement en autocar, c'est Washington (12 h de route, déplacement avorté en raison d'une panne du car l'an dernier) ou encore Chicago, même si les 15 h de route aller nous refroidissent rien qu'à y penser (mais nous le ferons, un jour).

 

Merci à lui d'avoir bien voulu répondre à ces questions. Si vous voulez en savoir plus sur ce groupe, rendez-vous sur leur site internet : www.ultrasmontreal.com

 

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grincheux
15 Avril 2013
Sympa l'article, même si je donne pas grand avenir d'un mouvement ultra en Amérique du nord.