José Mourinho est un type plutôt célèbre dans le monde. Connu pour ses victoires sportives en tant qu’entraîneur, mais aussi pour ses dérapages plus ou moins contrôlés. C’est justement l’une de ses petites phrases qui nous a tapés dans l’œil. Euh, pas tapé comme Tito Vilanova, l’entraîneur-adjoint du Barça, aucun rapport. Lors du match aller des 8èmes de finales de la Champions League opposant le Real au CSKA Moscou ; la télévision espagnole a, bon gré mal gré, déclenché un mini cyclone médiatique. Oui « mini » car finalement peu de personnes ont fait échos après la petite phrase lancée par le technicien portugais. C’est l’équipe de la chaîne Cuatro qui suivait « Mou » sur le terrain moscovite et qui a su capter ce pur moment d’élégance.
Les journalistes le filment, un peu trop au goût du filmé. Mourinho s’agace de cette présence, les journalistes en plateau s’en amusent. Ils s’en amusent tellement qu’ils ne notent même pas ce que vient de dire Mourinho : "Y esos maricones... ¿No dicen con que balón se juega?". On pourrait gentiment traduire cette phrase par : « et ces guignols, ils nous disent pas avec quel ballon on jouera ». Oui alors, ça c’est la version censurée. « Maricón », c’est un peu le « pédé » ibérique. Les propos du portugais sont en plus sous-titrés à l’écran (en jaune, parce qu’en blanc, avec toute cette neige, ça serait complètement stupide, y’en a qui réfléchissent). Comme dit plus haut, personne ne bronche sur le plateau TV. Et on voit les animateurs se poiler parce que « The Special One » fait des jongles avec plus ou moins de brio, et qu’il veut tirer un péno’. Sur la télévision hispanique, on sait se fendre la poire !
Hé ho ! Les gars ! Vous n’avez pas écoutés ou quoi ? C’est la jolie baballe orange fluo qui vous hypnotise (et oui, souvenez-vous, ça neige sévère en Russie) ? En visionnant à nouveau les images, on voit que « Mou » ne se tracasse pas non plus. Non ce qui le titille c’est qu’on le filme en train de tâter du ballon, pas qu’on enregistre ses propos fleuris. Il finit par exploser. « Tirez-vous, il est question de pognon ici ». Bien envoyé. Si tu parles de fric, ça rigole plus, ça sent le secret-défense. Les journalistes se poussent un peu. Puis recommencent. Vous pensez qu’on a fait cas de la petite phrase en plateau ? Non, non, on rigole encore parce que le caméraman c’est déplacé en tribunes pour faire un méga zoom du terrain. Et puis, il faut des gens pour commenter les images. « Ah, là je crois qu’il nous a vu et qu’il dit « allez, arrêtez de filmer » ». Coller au plus près de l’info !
Bon, la télé, c’est fait. Et maintenant écoutons la vox populi. Vous entendez quelque chose ? Pas moi. Allez Mourinho, les mecs vont pas te laisser tomber ! Et ça loupe pas. Pour sa défense, on balance de suite qu’il a été filmé à son insu. Foutaises ! La phrase juste avant est adressée à l’équipe de télé : un petit « no seas tan pesados » (grosso modo, « soyez pas relous »). Ce mec a de la répartie, on le sait. Ses défenseurs un peu moins.
Le web se déchaîne. L’un des premiers visés ; Pep Guardiola, l’entraîneur du Barça. Le rapport me direz-vous ? Relent de compétition Barça/Real. Oui mais encore ? Depuis un moment, de l’autre côté des Pyrénées nombres de rumeurs autour des préférences sexuelles de l’entraîneur barcelonais. Attendez, le mec fait jamais péter le survêt’ sur les terrains et défile pour A. Miró. Il n’en fallait pas plus pour déclencher les foules (beaucoup plus finalement que sur le cas Mourinho, me serais-je trompé de cible ? Non, pas pareil, je laisse le sujet pour 50 minutes inside). Et le pauvre en prend plein les dents. Un internaute éclairé lance (traduction libre) « si je dis que Pep est homosexuel, suis-je moi aussi homophobe ? Sans déc’, faut arrêtez là avec toute cette stupidité ». Futé non ? Et le débat est ouvert sur answer yahoo.
Avant même de lire le commentaire tu sais si on est pour ou contre (Mourinho). Suffit de regarder la photo de profil. Si c’est Casillas ou Ramos : Pro-Mourinho indéfectibles accusant cette société de tout déformer et d’empêcher d’appeler un chat un chat (ou un homosexuel un pédé, une pleureuse, une fifille, etc.). Si c’est Rivaldo (y’a des nostalgiques) ou Messi : Fervents militants pour la cause homosexuelle. Espagnols vilains homophobes vs. Catalans mignons défenseurs des libertés ? Faut pas pousser. Sur fond de guéguerre hispano-catalane on est (parfois) de mauvaise foi. Au lieu de clairement se placer, on préfère encourager son poulain. Et je mets ma main à couper que si demain Pep balance que Platini est une fillette, en plus de prendre un petit « c’est l’hôpital qui se fout de la charité » dans la tronche, les madrilènes voleront au secours de Michou, et que les culés (supporters blaugranes) oublieraient toutes morales et éthiques pour soutenir « El noi de Santpedor ». En plus, fastoche pour Platoche de faire des blagues graveleuses sur les culés (vous avez captés la blague je suppose).
Finalement, les seul-e-s à se manifester, sont les plus concerné-e-s (loin de moi l’idée de stigmatiser les homosexuel-le-s, sans rire, promis, juré, < rrrrreeeuuukkkhhhpeuuuhhh ! > craché par terre !). L’EGLSF (European Gay and Lesbian Sports Federation) s’est empressé de porter plainte auprès de l’UEFA. A ce jour, et à ma connaissance, pas de réelles conséquences. En France, le Paris Football Gay relaie l’info et se tourne aussi du côté de l’UEFA. Je crois malheureusement que les rares à avoir choppé l’info au vol ne voit encore là qu’un excès fantaisiste du collectif. Et c’est bien triste, tout ceci est encore une fois, si ce n’est banalisé, passé à la trappe. L’Equipe reste muette. Mais au moins elle n’est pas seule à se plonger dans ce mutisme ; personne ne reprend le sujet, ni les journaux d’infos, ni ceux spécialisés. France Soir interviewe le président du PFG. Et puis voilà, c’est à peu près tout pour l’hexagone.
Allez, et pour continuer dans le cliché (en même temps, c’est ce que j’ai le regret de constater au fil des pages web) : si t’aimes le foot, tu relativises ; si t’aimes tes semblables, tu gueules ; si tu n’es ni homosexuel ni pour le Real, t’es même pas au courant. Les mouvements LGBT demandent qu’on pousse Mou-Mou à s’excuser, les footeux disent qu’il ne faut tout de même pas pousser mémés dans la gay-pride. D’une petite phrase somme toute homophobe (tachons de ne pas oublier le fond de la forme), on balance encore plus de débilités haineuses. Et oui, parce qu’un footeux passionné et remonté, ça n’a pas peur de dire n’importe quoi pour sauver l’honneur de son club ! Bien qu’il serait désormais plutôt question de le laver, cet honneur.
Alors une bonne fois pour toute, s’il vous plaît, messieurs les footeux (et pas que), arrêtez vos « mariconneries » !
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jppp
12 Avril 2012
J'ai rien compris.
Ikki
13 Avril 2012
@ jppp
C'est pourtant assez simple. Mourinho a "traité" des journalistes d'être assez friand des relations sexuelles entre hommes.
Du coup, cela a été repris et a complètement dégénéré en débat sur l'homophobie et l'homophilie avec :
- d'un côté, les toujours gentils catalans, défenseurs de la veuve, de l'orphelin, des africains qui meurent de faim, des asiatiques qui meurent de faim, des américains qui meurent de faim, des européens qui meurent de faim, des homosexuels, des persécutés, des ouvriers, des prolétaires (j'en oublie sûrement mais les catalans sont tellement gentils et ?uvrent tellement pour l'humanité) ;
- de l'autre côté, les vilains castillans, oppresseurs, violeurs, capitalistes éhontés, homophobes, affameurs, spoliateurs (j'en oublie sûrement mais les castillans sont tellement méchants et ?uvrent tellement pour détruire l'humanité).
En gros, d'une phrase, homophobe, comme tout un chacun ou presque en balance à mon avis assez souvent, de Mourinho, filmé par la télé qui voulait juste enregistrer Mourinho galérant à jongler, c'est parti en totale sucette, sur de nombreux forums espagnols et cela a même fini sur le bureau de l'UEFA.
Lami gOgO
15 Avril 2012
Tout d'abord désolé, jpp, que tu n'ais pas tout compris, il est vrai que je passe un peu du coq à l'âne ici. Je tacherai d'être des plus clairs dans mes prochains articles. Pour compléter le décryptage d'Ikki, je précise tout d'abord qu'il ne s'en prend pas aux journalistes, mais à la FIFA (disons les gens qui bossent pour elle). A mon avis, il a certainement pensé pire des journalistes, mais s'est retenu, bravo à toi José. Ensuite, je ne voudrais pas qu'on réduise ce fait à la simple compétition catalano-espagnole, même si bien entendu, cela joue. Ce que je voulais plutôt souligner, c'est le fait que peu de personnes aient relayé l'info qui me surprend. En Espagne, on en a un peu parlé, mais sans plus je dois dire. En continuant mes recherches, j'ai surtout trouvé matière sur des forums ou site LGBT (Lesbiennes, Gays, Bisexuel-le-s, Transsexuels). Et là, nouvelle surprise. Par exemple l'histoire de Loulou Nicolin, bien que plus frontale (puisqu'il s'en prend directement à Pedretti), aura bien plus d?échos que cet épiphénomène. L'homophobie n'interesse plus que les mouvements LGBT ? Sont-ils (ces mouvements) tout simplement paranos et super sensibles ? Alors d'un autre côté certes, supporters du Barça & du Real vont se tirer dans les pattes, mais plus pour la forme que le fond (je pense que d'un côté comme de l'autre, l'unique désir est de porter bien haut les couleurs de son club de coeur, l'homophobie n'a pas de réel intérêt. Idem pour les attaques de Pep, je pense que tout le monde se fiche de ses penchants sexuels, on veut juste attaquer l'adversaire). Au final, les homosexuels parlent de ce qui n'est pour les autres qu'une "anecdote". Vers une banalisation de ce genre de petites histoires ? Allez savoir.
The Special One
30 Avril 2012
que vient faire cet article sur ce site ??? si cette "petite phrase" n'a pas eu d'échos, c'est peut être qu'elle n'avait... aucun intérêt ?