Dec'rasage & Analyses

Au Videoton FC, hongrois encore au miracle

Autrefois dominateur à l'échelle de l'Europe continentale, le football hongrois a disparu de la circulation, au point de se maintenir difficilement parmi les 50 meilleures équipes nationales du classement FIFA. Dernière équipe à avoir brillé à l'échelle européenne dans les années 80, le Videoton Football Club semble renaître de ses glorieuses cendres d'antan en remportant le premier titre de son histoire : portrait d'un club au pays de Magyar la belle.

LE VIDEOTON VS. TELETHON

A moins d'avoir suivi les campagnes européennes des années 80, ce club ne vous dira probablement rien. Et pourtant, il fut un exemple de la possibilité de faire de bon parcours en coupes d'Europe avant que les modifications des joutes continentales ne viennent vérouiller l'attribution des coupes à un nombre restreint de clubs. Nous sommes en 1985 et une équipe habituée au milieu de tableau du championnat hongrois est en train de déjouer tous les pronostics de la Coupe UEFA.

Après avoir difficilement battu le club tchécoslovaque du Durka Prague au premier tour (1-0 puis 0-0), le club entraîné par Ferenc Kovacs ne fait qu'une bouchée...du PSG (4-2, 1-0) au second tour. Le Partizan de Belgrade tombera à son tour, avant d'affronter l'ogre Manchester United en quart de finale. Après avoir perdu 1-0 dans leur petit stade Sostoi, les bleus et rouges créent l'exploit à Old Trafford en battant les anglais aux tirs au but. Après un tel acte, il ne faut pas s'étonner qu'ils se débarrassent facilement du club yougoslave de Zeljenicar en demi-finale.

Incroyable mais vrai, un petit club hongrois va défier le Real Madrid en finale de l'édition 1985 de la Coupe UEFA. La belle histoire s'arrêtera pourtant là, les Espagnols maîtriseront les Hongrois 3-0 à l'extérieur. Les joueurs du Videoton FC auront tout de même le mérite d'aller gagner 1-0 à Santiago Barnabeu.

SZEKESFEHERVAR : A TES SOUHAITS

Paumé au milieu du pays Magyar, la ville de Szekesfehervar n'en est pas moins l'équivalent de notre bonne vieille ville de Reims puisque c'était au sein de sa cathédrale que furent couronnés tous les rois hongrois, cela avant que l'Empereur d'Autriche ne fasse détruire le lieu de culte en 1702.

La ville est surtout connue pour abriter l'usine Videoton, qui alimente toutes l'Union Sovietique de télévisions et de radios. Le principal pourvoyeur d'emplois donnera ainsi son nom au club local.

Le club ne tire pas bénéfice de son bon parcours européen, après avoir végété une bonne partie des années 90 dans le ventre mou du championnat hongrois, il chute en seconde division où il y restera jusque 2000 où le club va se reconstruire petit à petit avant la consécration cette année le titre décerné deux journées avant la fin.

L'équipe peut compter sur ses 2 internationaux hongrois, le défenseur Zoltan Liptak (26 ans) et le milieu Akos Elek (22 ans) mais également sur quelques bonnes pioches à l'international : ainsi, Bojan Djordjic, ancien jeune espoir suédois formé à Manchester United renaît en Hongrie, le président du club n'hésitant pas à le comparer...à Roberto Baggio.

Mais la vraie bonne pioche, c'est un Brésilien de 27 ans, prénommé André Alves, déniché chez le concurrent du Kaposvar et qui terminera meilleur buteur du championnat 2010-2011 avec 24 réalisations.

ONZE D'OR VS ONZE DORT

Voir le Videoton FC revenir au devant de la scène nationale doit rappeller les meilleures heures du football hongrois et d'une selection qui a lentement disparu en même temps que sa génération dorée : Puskas, Czibor, ou encore Kocsis. Une équipe qui sera la première en 1953 à battre les Anglais sur leur terre. C'est également à eux que l'on doit la mise en place du 4-2-4, alors que les Anglais pratiquaient le WM depuis les années 20. La belle époque qui va se clore dramatiquement, avec l'écrasement de l'insurrection hongroise en 1956 par les chars sovietiques, la plupart des joueurs de l'équipe nationale, à l'époque en tournée à l'étranger, refusera de rentrer au pays.

C'est le début de la fin pour la selection hongroise qui ne retrouvera jamais son niveau d'antan. Aujourd'hui, elle est en lutte à la qualification de l'Euro 2012, dans un groupe survolé par le Portugal et où le seul adversaire accessible est la Suède, qui pointe à 3 longueurs d'avance avec un match en moins...