Le nouveau logo du Football Club Sochaux-Montbéliard
Le Football Club Sochaux-Monbéliard n'échappe pas à une refonte graphique en changeant de propriétaire. Un blason plus moderne qui marque la fin de l'ère Peugeot.
Qui plus que le FC Sochaux-Montbéliard peut symboliser ces clubs dont l'origine est intimement liée à une entreprise locale ?
Fondé en 1928, le club doit sa création à deux salariés de l'entreprise Peugeot. Rapidement, Jean-Pierre Peugeot voit un intérêt à soutenir cette initiative : médiatique tout d'abord car en investissant massivement dans la professionnalisation de son équipe il s'assure de s'attirer une certaine notoriété locale et nationale. Sociale ensuite, puisque cette démarche s'inscrit dans une vision patriarcale de l'entrepreneur qui offre travail, sécurité et loisirs à ses salariés.
Dès la création du club, l'identité graphique est intimement liée à Peugeot dont l'iconographie est également liée à la région d'origine : la Franche-Comté. Le club arbore donc les couleurs jaune (bouton d'or) et bleu (roi) et l'emblème du lion.
Cependant il n'est pas rare de trouver une explication différente sur le choix du lion par la famille Peugeot : avant d'être la célèbre marque automobile, L'entreprise familiale conçoit au début du XIXe siècle des ustensiles de tables et de l'outillage, les frères Peugeot décident alors d'arborer le lion pour la puissance de sa mâchoire, en analogie avec les dents de leurs lames de scie, leur produit phare de l'époque.
Le premier logo de l'entreprise Peugeot, en 1858 (source)
Quoique il en soit, l'emblème du lion est un symbole fort : puissance, domination et ancré dans l'histoire locale, il apparaît être un choix évident pour une entreprise franc-comtoise autant que pour une équipe sportive.
Depuis 1976, l'entreprise PSA Peugeot a décidé de renouer avec le lion héraldique qu'elle avait laissé tombé en 1960. Lion sur ses deux pattes arrières, gueule ouverte, le logo du FCSM arbore alors le même logotype.
Jusqu'à cette année, le club arborait un lion argenté, effet relief et plastifié, typique des logos des années 2010.
En juillet 2015, Peugeot annonce la revente du club à l'entreprise Ledus, fabricant chinois de leds lumineuses.
La problématique est particulièrement intéressante : comment faire évoluer l'iconographie d'un club de football qui doit son identité à celle d'une autre marque ? Un exercice périlleux mais qui me semble particulièrement réussi :
- Ce qui fait l'identité graphique du club est conservé : Ledus a fait le choix de conserver les couleurs et l'emblème du club, le logo est d'ailleurs assez proche de celui de PSA Peugeot dans les années 60. L'exemple récent de Cardiff ou du Mans ont montré que certains entrepreneurs se montraient parfois moins conciliants avec l'identité d'un club donc même si cela semble aller de soi, il faut tout de même le souligner. Le lion est également un animal particulièrement respecté dans la mythologie chinoise, gardien de l'empire, il n'est pas rare de le retrouver à l'entrée de tous les bâtiments d'importance en Chine : Cité Interdite, Tombes impériales, bâtiment administratif, etc. etc. Le lion gardien est souvent représenté avec une boule sous la patte, symbole de sa domination sur le monde. On comprendra que l'agence responsable de ce logo n'ait pas utilisé cette analogie lorsque l'on connait les difficultés des lionceaux à mettre le pied sur le ballon...
- Un acronyme toujours mis en avant FCSM, pour Football Club Sochaux-Montbéliard, dans la continuité du nommage utilisé depuis 3 décennies maintenant. Personnellement cet acronyme ne me parle pas et je doute qu'à l'international il évoque un club de football mais plutôt un club où l'on tâte d'une autre sorte de cuir...
- Le seul bémol, à mon humble avis, il s'agit du choix artistique pour styliser le lion. Si son identité s'inscrit dans la continuité du club, le style fait malheureusement pensé à un tatouage tribal.
Dédé, tatoueur à Palavas-les-Flots le jour, créateur de logos pour les clubs de Ligue 1 la nuit.
Sochaux n'est malheureusement pas le seul club à céder à cette mode actuelle visant à concevoir des écus de la sorte : citons Lille, Le Mans ou Lorient qui ont également cédé à cette mode dernièrement. C'est dommage.