Quelles sont les moyens d’actions dont bénéficient les supporters Parisiens, mais également les supporters français pour faire entendre leur voix ? Légalement, le rapport entre un abonné et un club est proche de celui entre un client et un commerçant. Un client peu satisfait (du spectacle, du produit ou du service) ira voir un autre commerçant. Or, il apparaît difficile à un supporter de considérer qu’il ira soutenir un autre club, le lien affectif dépassant la seule relation commerciale… Voila l’impasse dans laquelle se trouvent les supporters parisiens en conflit avec leur direction. Depuis quelques années, l’on constate des tensions entre dirigeants de club et associations de supporter, ces dernières se trouvant en général en désaccord avec la politique que peut mener la direction. Les associations de supporters se positionnent ainsi comme le refuge de valeurs populaires, à milles lieux du football business.
Fédérer
L’une des préconisations du livre vert du supportérisme [cliquez ici] était de tendre en direction d’une meilleure fédération des supporters à l’échelle nationale, voire européenne. En facilitant la concertation et le dialogue entre associations, elles pourraient se voir muni d’un poids plus important face aux autres acteurs du football (pouvoirs publics, dirigeants de club) et permettrait de ne pas se retrouver isolé en cas de conflit. Ce rapprochement entre associations s’est avéré nécessaire à l’échelle du PSG, puisque une partie des tribunes Boulogne et Auteuil sont aujourd’hui obligées de s’entendre pour lutter face au Plan Leproux.
Communiquer par Internet
Comme souvent aujourd’hui, la contestation née sur Internet. En réponse au « Tous PSG » de Leproux, le site « Tous Abonnés » http://www.tousabonnes.com/ , parti d’une initiative personnel tend à fédérer les supporters orphelins de leurs associations. L’association Liberté pour les abonnés http://www.liberte-abonnes.com/accueil est à la base de ce mouvement de contestation et appellent au boycott des matchs au parc et à une sensibilisation aux abords du stade. Dépourvu de quelconques leviers d’action, la réussite de leur opération passe aujourd’hui par une reconquête de l’opinion publique.
Reconquérir l’opinion publique
Selon un sondage IPSOS mené en 2008 par la LFP, 43% des gens qui aiment le football ne se rendent pas au stade par peur des violences. Un chiffre incroyablement élevé qui montre l’étendu de la stigmatisation des supporters. Paris, certainement le club le plus honni de France, part avec un handicap encore plus important. Aujourd’hui, ses supporters se doivent de gagner la guerre de l’opinion publique face à Leproux. Comment cela peut-il se traduire ?
Le boycott semble être une solution désespérée. Les actions ciblées et occasionnelles peuvent marquer d’autant plus l’opinion publique. En appelant à se vêtir de vert lors du match face au Racing Club de Lens le 12 février prochain [cliquez ici] le collectif « Tous Abonnés » s’inspire des anti-Glazer à Manchester United qui continuent de supporter leurs équipes en déclarant ouvertement leur désaccord avec l’équipe dirigeante. Ce type de démarche permet de fédérer d’autres spectateurs que les anti-Leproux convaincus. Comme dans toute action collective, une infime minorité agit, une petite partie suit et une majorité laisse faire. En mettant en place ce type de mobilisation «passive », qui nécessite peu de moyens et qui permet de fédérer le plus grand nombre, elle permet également aux anti-Leproux une meilleure lisibilité en tribune les soirs de match.
S’armer juridiquement et médiatiquement
L’idée de cet article m’est venu il y a 2 semaines mais l’actualité récente a montré une fois de plus que les actions à l’encontre des supporters parisiens s’apparentaient plus à de la kabbale qu’à une véritable action pour mettre fin à la violence dans les tribunes. Ce samedi 5 février se tenait le match face à Rennes, à la Route de Lorient. Une fois de plus les supporters Parisiens sont venus grossir les colonnes des faits-divers bien malgré eux. L’avant-match avait fait parlé de lui [cliquez ici] puisque le préfet d’Île et Vilaine a ordonné l’annulation de 249 billets pour certaines personnes ayant effectué l'achat sur internet. L’arrêté préfectoral interdisait à toutes personnes « se prévalant de la qualité de supporters parisiens et toutes personnes ayant appartenu à une association de supporters dissoutes du PSG de se trouver au sein de l’enceinte rennaise ou aux abords du stade ».
Les arrêtés préfectoraux « anti-parisiens » pullulent depuis un an. On peut s’interroger de leurs légalités tout d’abord : La liberté de circulation est reconnue dans la déclaration universelle des droits de l’homme tout d’abord mais également dans la convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondementales de l'Union Européenne. La restriction de déplacement peut être appliquée si elle s’avère nécessaire pour assurer la sécurité nationale, la sûreté publique et le maintien de l’ordre public. C’est sur ces deux derniers points que les supporters incriminés peuvent contester les mesures prises. En quoi les mesures furent-elles justifiées et en quoi leurs présences constituaient-elles un trouble à l’ordre public ? Il faut également pointer l’illégalité de l’annulation des billets vendus sur internet. Selon l’article L.122-1 du Code de la Consommation, issu de la loi du 11 décembre 2001 : Il est interdit de refuser à un consommateur la vente d’un produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime. Or, qu’est ce qui a justifié l’annulation de la vente ? Pire, comment le préfet a-t’il pu cibler l’annulation des 249 billets ? Selon certaines rumeurs, par l’adresse IP. Or, qu’est ce qui justifie l’utilisation de ces adresses ? Si c’est le cas, annuler une vente selon l’adresse IP rentre-il dans le cadre légal de la loi informatique et liberté ?
16 supporters parisiens furent interpellés à Rennes [cliquez ici]. Selon nos sources, ils furent arrêtés une première fois car ils arboraient les signes distinctives de supporters du PSG, puis, après vérification que chacun possédait un billet d’accès au stade et qu’ils n’avaient jamais appartenu à une association dissoute, ils ont pu tranquillement accéder au stade. C’est là que les versions diffèrent : une banderole aurait été dépliée ce qui aurait conduit à l’arrestation.[voir la banderole] Selon d’autres sources, une « bousculade » aurait suivi suite à l’intervention d’un stadier qui aurait refusé le déploiement de cette bâche où il était indiqué « Toujours là, PSG Fans ». Ces derniers, qui ont passé la nuit en garde à vue risque un an d’interdiction de stade…
Hormis les sites de supporters, peu de médias ont relayé l’information, RMC, de manière assez neutre et Le Figaro, dans un style bien moins impartial (entamer un article en disant « les supporters du PSG se sont fait remarquer à Rennes samedi dernier » ne laisse pas présager d’une quelconque innocence…). Une fois de plus, c’est par Internet que les supporters parisiens doivent mener leur combat médiatique. Nombreux sites (Rue89, Marianne…) sont friands de témoignages relayant les injustices subies. Contacter les sites footballistiques tels que So Foot et Les Cahiers du Football afin de sensibiliser cette frange d’amateurs du ballon rond qui voit plus loin qu’au-delà du poteau de corner peut être aussi une solution.
A une époque où l’on s’émeut de certaines actions politiques liberticides (DADVSI , LOPPSI), il serait de bon ton de s’intéresser également à cette démarche qui met tous les supporters dans le même sac. On ne cesse de nous rabâcher que les devoirs d’un supporter à l’intérieur de l’enceinte d’un stade sont similaires à ceux d’un citoyen à l’extérieur. A l’inverse, il serait bon de rendre les droits les plus fondamentaux à ses supporters qui sont avant tout des citoyens comme les autres.
Agiter le spectre du maintien de l’ordre public au profit d’une minorité d’actionnaires clinquants qui n’ont d’unique objectif que de réaliser une plus-value immobilière grâce à une enceinte sportive est indigne de l’esprit du sport. Une partie de l’intelligentsia politique n’a eu de cesse de crier au haro lors de la stigmatisation des Roms ou d’autres minorités ethniques. Il serait temps qu’une partie d’entre eux s’intéresse au sort que l’on réserve toutes les semaines à une partie de la population qui n’a commis comme seul délit que de supporter son équipe de football favorite.
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Les démarches de contestation mises en place par les supporters du PSG :
♦ Socios PSG, association souhaitant inscrire les supporters dans le capital du club : http://www.sociospsg.org/presentation-du-projet.html
♦ Tous Abonnés : www.tousabonnes.com , qui relaye les appels au boycott.
♦ Liberté pour les abonnés : Association de Loi 1901 qui tente d’informer chaque soir de match au parc des dérives du Plan Leproux : http://www.liberte-abonnes.com/accueil
♦ PSG Mag Net : qui a monté un dossier très intéressant sur le conflit qui oppose Leproux et les supporters : http://www.psgmag.net/-Plan-Tous-PSG-.html
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Retrouvez l'ensemble de notre dossier sur le Plan Leproux :
♦1 La stratégie du choc version Leproux
♦2 Le Parc, laboratoire des futurs stades français
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jloan
08 Février 2011
Excellent article.
Merci.
Fabian
09 Février 2011
http://www.psgmag.net/2727-La-loi-prevoit-desormais-des.html
getmeoff
29 Février 2012
Honnetement, le PSG, c\'est une grsose blague. Je suis assez d\'accord pour une delocalisation. Et je le pense serieusement. Je pense sincerement qu\'il y a plus de supporters de Marseille a Paris que de supporters du PSG, alors c\'est dire Moi-meme, ex-Parisien (j\'habite a L.A., maintenant, mais je me fous completement du soccer US qui reste un sport de 3eme zone, ici malgre les efforts de Beckham), j\'ai toujours eu plutot honte du club de ma ville natale. Pourquoi? Pas la faute au joueurs, ni aux entraineurs qui se sont succedes. La faute aux supporters et a leur reputation. Etre supporter du PSG, c\'est s\'associer a une bande de skinheads violents, racistes et antisemites. Meme si c\'est tire par les cheveux, c\'est un peu ce que beaucoup de gens pensent a Paris, et du coup, le PSG est mal-aime.Alors c\'est sur, les patrons du club devraient faire un peu plus la police dans leur stade, mais bon, si les skins payent leur place et leur abonnement alors du coup, on austracise le Parisien moyen, normal, non-violent, qui aimerait bien pouvoiur aller au stade avec son gosse, mais qui ne le fait pas parce qu\'il risque de se retrouver poignarde par une bande de Du coup, forcement, ca ne me derange pas que le PSG tombe dans l\'indifference et l\'oubli. Comme pour le FN, l\'indifference est la seule arme efficace. Si on ne se laissait pas si facilement offusquer par les propos racistes de Jean-Marie et de sa progeniture, il y a longtemps que le FN aurait ferme boutique Enfin, je digresse, la