Desports, l'essai littéraire transformé
Qui a dit que la littérature sportive était morte ? la revue Desports dont le premier numéro sort ce mois-ci réussit le pari de croiser la plume et le fleuret, rimes embrassées et passes croisées.
Un pari sportif
Est-ce encore rentable de faire le choix du papier lorsque l’on veut informer ? La réponse est indéniablement oui lorsqu’on cherche à proposer du contenu de qualité dans un ouvrage aussi soigné esthétiquement que textuellement parlant. Une multitude de lignes des surfaces de jeu qui se croisent sur la couverture en prémices des lignes des 296 pages qui abordent le jeu dans son ensemble. Car Desport tire son nom de l’ancien français, le terme englobant l’ensemble des divertissements allant du sport professionnel à la pratique ludique du simple quidam. Seule constante : se laisser le temps de romancer l’expérience sportive, de faire vivre l’expérience, quelle soit aussi futile que le baby-foot ou un enjeu national comme peut l’être le hockey au Canada.
Feuilleton en short
Les auteurs de la revue ne sont pas à leurs premiers coups d’essai : Adrien Bosc et Victor Robert ont fondé la revue culturelle “Feuilleton” en 2011, transcription française des revues outre-atlantique qui rendent honneur au format long. Au fil des articles, on comprend mieux que le format papier soit mieux adapté à ce type d’écriture. Dans un monde virtuel où l’information se doit d’être un flux constant et facilement assimilable, on peut s’interroger si Desports peut avoir sa place sur la toile. Mais pour des auteurs qui se revendiquent les descendants d’Albert Londres ou d’Antoine Blondin, qu’importent souris et claviers.
Pasolini au brassard
Question football, ce premier ouvrage traite de moult sujets : du stade de la butte Bergeyre qui a vu jouer le premier club parisien à l’histoire du fantasque Pier Paolo Pasolini en passant par la guerre du football entre le Honduras et le Salvador et l’exercice de l’équipe-type, le people’s game n’est pas oublié et est traité par l’ensemble de ces facettes, comme nous aimons à le faire sur ce blog. L’extrait de “la guerre du foot” du polonais Ryszard Kapuscinski tient sur par moins de 22 pages.
Comme la revue littéraire citée précédemment, Desports fait la part belle aux écrivains étrangers : on retrouve donc Don DeLillo (Outremonde, Cosmopolis) ou Luis Sepulveda mais également des valeurs sûres de notre littérature comme cette citation de Roland Barthes ou Jean Hatzfeld (Une saison de machettes).
Contrairement au Tigre qui se perd dans ses divagations artys, Desports est accessible et c’est ce qu’il le rend particulièrement addictif. On ne peut que souhaiter longue vie à cette revue dont le prochain numéro est déjà prévu pour mai 2013.
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