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Moustache Football Club, réflexion et analyse sur l'actualité du football.

Critique du Football, une peste émotionnelle

Critique du Football, une peste émotionnelle

Sorti en 2006 juste avant la Coupe du Monde en Allemagne, " Le football, une peste émotionnelle " de Jean-Marie Brohm et Marc Perelman détonne par sa véhémence et sa violence à l'encontre de toutes les composantes du football. Suffisant pour mériter une lecture ?

Sorti en 2006 juste avant la Coupe du Monde en Allemagne, "le football, une peste émotionnelle" de Jean-Marie Brohm et Marc Perelman détonne par sa véhémence et sa violence à l'encontre de toutes les composantes du football. Suffisant pour mériter une lecture ?

Oser une critique des travers du football moderne, voila une posture qui n'étonne plus. Nous-mêmes sur ce blog sommes les premiers à mettre en lumière les errances d'un sport que l'on peine à reconnaitre. Cependant, bloggers ou écrivains qui tentent la grande aventure de la plume ont en commun d'aimer ce sport, même si son évolution nous dérange.

Aimer le football, Jean-Marie Brohm et Marc Perelman en sont à mille lieux. Soucieux de nous apporter la bonne parole, les co-auteurs qui semblent assez proche du mouvement freudo -marxiste cherchent à démontrer que le "football-spectacle" n'est pas simplement un sport collectif mais un véritable instrument d'encadrement pulsionnel des foules.

Sorti en 2006, Marc Perelman n'en ai pas à son premier coup d'éclat. Déjà en 2002, il indiquait dans Le Monde que la victoire de 1998...était responsable de la montée en puissance du FN au début du XXIe siècle : " le football a largement contribué à la lepénisation des esprits. Phénomènes parallèles très inquiétants : le regain d'intérêt pour le football a été en effet concomitant de la montée en puissance du Front national, qui a su capter de jeunes électeurs en reprenant à son compte l'idéologie nationaliste de la victoire de 1998 : esprit de combat, propagande chauvine exacerbée, culte de l'uniforme (tous en bleu, tous derrière le chef ou le totem), ordre et discipline, grégarisation national-populiste".

Tout y passe, le sport comme symbole de régression culturel, le contrôle des masses, le foot business, la corruption, le dopage mais également les journalistes sportifs, les intellectuels devenus fous de foot, ces abrutis de supporters ou les millionnaires en short.




MAIS POURQUOI SONT-ILS AUSSI MECHANTS ?

Et c'est bien l'un des points faibles de l'ouvrage. A force de multiplier les attaques à l'encontre des acteurs du football, Brohm et Perelman perdent en cohérence. Proche des idées d'un Deleuze pour la volonté de croiser psychanalyse et dérives capitalistes, nos deux compères peinent à se tenir à cette ligne directrice qui aurait permis à l'ouvrage de gagner en cohérence.

La deuxième critique - qui me surprend autant qu'elle me dégoute - c'est la posture des deux auteurs, rien de neuf n'est dit et l'ouvrage publié à l'orée de la Coupe du Monde allemande a dû profiter des nombreux exaspérés par l'omniprésence médiatique de la compétition. Tentative mercantile de profiter d'un événement tout en crachant dessus ? Probablement, ce qui rend la crédibilité de nos auteurs assez douteuse.

Dernier point, c'est la violence des propos. Jugez par vous-même : "ces foules enivrées par le football sont essentiellement des meutes guerrières, des meutes de chasse et de lynchage, et parfois même des foules criminelles dont les débordements, dans et hors des stades constituent l'ordinaire du spectacle." (p.34) preuve en est qu'aucun des deux protagonistes n'a jamais mis un pied dans un stade de ligue 1... Plus sérieusement, utiliser un champ lexical aussi véhément, teinté de lyrisme tout en se voulant théorique a quelque chose d'antagonique. À mi-chemin entre l'ouvrage universitaire et le pamphlet, sa lecture m'a rappelé certains moralistes : Cioran, Albert Caraco voir Charles Maurras : une écriture habitée où le lyrisme prévaut sur le message.

En conclusion, "le football, une peste émotionnelle" est un ouvrage qui aurait pu s'avérer plaisant par son point de vue d'origine si il n'était pas traversé par l'hystérie tout au long de ses 375 pages. En s'emportant sur chacun des sujets traités, tirant sur n'importe qui étant vêtu d'un short ou de crampons, Jean-Marie Brohm et Marc Perelman perdent forcement en crédibilité. Un ouvrage loin d'être indispensable si vous aimez le football et qui s'adresse donc à ceux déjà convaincus que le diable réside dans une surface de réparation.



 

 
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Je ne connais pas cet ouvrage mais son pendant "positif" et socio-scientifique serait l'excellent ouvrage de Bromberger sur les "Passions ordinaires". A lire!
Les auteurs apportent-ils des arguments à leurs propos où n'est-ce qu'un pamphlet publié - effectivement - au bon moment?

Par ailleurs: "À mis chemin" :-p
Arthur Michel
23 Août 2011
(merci, je vais mettre ça sur le compte du correcteur automatique apple, l'erreur étant tellement grossière ^^)

Concernant l'argumentation des auteurs, elle n'est pas dénuée de sens, la critique du football étant faite par l'intermédiaire du prisme freudo-marxiste (rapprocher les faits socio-économiques et l'inconscient collectif) peut s'avérer innovatrice.

Malheureusement, l'auteur répète inlassablement la même chose depuis 15 ans, dans chacun de ses ouvrages et comme je l'ai signalé, la "forme", teintée de lyrisme nuit au message d'une analyse se voulant scientifique.
Moins d'origine freudo-marxistes que reichiennes, je partage pour ma part les analyses de Brohm et Perelman, mêle si je les juges parfois trop mièvres. Il y a en effet une grave carence dans leur travail, c'est l'absence d'alternative sérieuse à cette dimension puante, qui n'est pas propre au foot, d'ailleurs, mais à tous les sports vérolés par le capitalisme : la compétition. Compétition, profit, dopage, hystérie, chauvinisme, tout ce cancer pourrit le sport, qui pourrait être hymne à la beauté des gestes, émulation réciproque et non conflictuelle, éloge de la santé par la joie des corps. Le foot des masses nurembergeoises, aliénées de part leur soumission volontaire, c'est la guerre. S'il avaient encore le bon goût de limiter leurs tueries entre eux !
Vous confondez la violence inhérente à l'aliénation, au fascisme, à l?irrationalité, au misérabilisme et à la paupérisation qui sont véhiculés par le football et la violence de cette vérité décortiquée pas à pas dans cet ouvrage qui est évidente !

Oui, il est violent d'être confronté à nos propres contradictions ;
vous critiquez néanmoins la forme en parlant d ' "hystérie" vous embarquant vous-même dans l'hystérie d'une dénégation néfaste.

A. Khan