A chaque début de saison, on attend fébrilement l'arrivée des nouveaux maillots de nos équipes préférées, afin de savoir à quelle sauce les équipementiers vont nous manger. Mais depuis quelques années, j'avoue que je suis particulièrement pressé de connaître quel sera le troisième maillot qui habillera les clubs de football que je n'aime pas. Histoire de me moquer un bon coup. Initialement prévu pour les joutes européennes (en Premier League, ils le nomment « International kit »), le maillot third est maintenant disponible dans chaque club, histoire que tout le monde soit logé à la même enseigne : celle du mauvais goût et du footage de gueule pseudo-artistique.



ETAPE N°1 : SIGNER UN PACTE

En coulisse, se tisse l'alliance la plus effroyable qui soit dans le monde du football (oui, pire que celle entre Aulas et les hautes sphères de l'état pour obtenir son nouveau joujou immobilier): la validation de l'équipement arborée par les clubs la saison suivante. Comme dans les plus grands films de gangster, chaque partie y va de ses intentions : les clubs veulent que l'on respecte les couleurs historiques et les sponsors veulent obtenir le maximum de visibilité. Mais dans l'ombre, le dernier membre de ce triumvirat, une main sur sa canne en ivoire et l'autre tapotant frénétiquement le repose-coude de son siège impose l'ultime condition : accorder au club la création de deux maillots « classiques », l'un à domicile et son négatif à l'extérieur, mais autoriser l'équipe de recherche et développement de l'équipementier à travailler sur un troisième modèle, plus artistique, qui prouvera tout le génie et le sublime qui habitent ces designers du textile.



ETAPE N°2 : 33,3 % DE FLUO

Une fois le pacte signé et scellé au dessus d'une chandelle avec le sang de chacun des trois acteurs (sauf pour l'A.J. Auxerre où Gérard Bourgoin signe avec du sang de poulet), Le commercial représentant l'équipementier lors de ces messes diaboliques (on le reconnaît grâce à un collier en or avec le logo de l'équipementier, juste en dessous de son sourire en carton pâte et de sa coiffure gominée) rentre tout sourire dans le laboratoire où se cache des espèces de savants fous : moitié hipsters sur le retour, moitié couturier raté. Personne ne sait comment des gens sensés être les vecteurs du bon goût et des tendances se sont retrouvés à confectionner des maillots de football.
 

Selon une légende, les designers chargés de la réalisation des maillots third seraient les mêmes que ceux qui ont inventé les t-shirts waïkiki, t-shirts qui faisaient fureur chez les adolescents au début des années 90. Une légende qui n'en est peut être pas une puisque plusieurs arguments plaident en faveur de cette hypothèse :

 

• l'utilisation outrancière du fluo

• un mauvais goût qui a fait fureur chez les classes populaires

• il faut avoir un QI de chimpanzé pour oser trouver ça beau

 

 

  

Couleurs rouge et bleu, design hasardeux, symbole européen : chez L.C.Waikiki on avait compris dès les années 90 que l'OL façon Aulas irait loin

 

 

L'utilisation d'une couleur fluo est indispensable à la réalisation de ces maillots. Après que ces couleurs soient devenues totalement has-been dès 1995, les grossistes du textile ont pu se sauver in-extremis en écoulant les stocks au fabricant de cerf-volant, de kite-surf et aux écoles de parachutisme, qui avaient alors le vent en poupe. Il faudra que le WTF (Waïkiki Tee Foundation), puissant lobby textile, revienne par la petite porte de l'équipement sportif pour que ces couleurs d'un autre monde reviennent sur le devant de la scène.



ETAPE N°3 : 33,3 % DE BRUTALISME

Une fois la couleur choisie, il faut s'attarder sur le choix des motifs à imprimer sur le maillot. Et là, point de rayures horizontales ou verticales, CARTE BLANCHE qu'il a dit le commercial. Ainsi, nos designers se lâchent de manière brutale.

Pour Bordeaux, un stagiaire qui revenait d'une formation de 2h sur l'utilisation des brushs sous photoshop.







Pour Marseille, c'est l'ancien responsable de Waïkiki-Le Havre qui s'en charge.








Et pour Auxerre, le mec qui avait la responsabilité de la collection La Redoute des pyjamas printemps-été 1994.









La plus belle réussite restera sans conteste le troisième maillot qu'arborait les Lyonnais lors des matchs européens lors de la saison 2010-2011 : Soi-disant une représentation des griffes du lion, notre investigation nous a mené à son créateur : un certain Wilfried, gothique de son état et grand fan d'Edward aux mains d'argent : le bleu marine et bleu ciel pour ses origines havraises, le rouge pour le sang.

 

ETAPE N°4 : 33,3% DE JUSTIFICATIONS FOIREUSES

Bien sûr, être un mauvais créateur ne veut pas dire être un mauvais vendeur de chiffon. Et pour passer outre un talent créatif limité, il faut faire preuve d'une imagination à toute épreuve. Si vous trouvez ça immonde, c'est que vous n'avez rien compris au graphisme et à l'esthétisme. Les meilleurs dans cet exercice sont sans doute Adidas, équipant Marseille et Lyon et qui n'ont épargné personne depuis quelques temps :

 

 

        

Marseille tout d'abord, en 2007-2008, le Orange fluo est de sorti, justifié par l'hommage rendu aux Winners, groupe de supporters influents du côté de la Canebière.

     

     

En 2010-2011, les joueurs arborent une bande horizontale, reprenant les couleurs du rastafarisme afin de justifier le multiculturalisme de la ville. Ah.

Cette année, on n'a même pas pris la peine de justifier une telle atrocité. Mieux, l'OM a décidé de pomper le fric de ses supporters jusqu'au bout en créant un maillot conçu par un supporter et qui sera utilisé lors d'un seul match.


Nos propositions pour les années suivantes :

 

 

Un maillot OM third 2012-2013 qui reprendra le plus fidèle des symboles marseillais : la sardine. Anigo espère ainsi attirer Rémy en direction des filets adverses. Certaines mauvaises langues disent avoir vu André Pierre Gignac grignoter les bords de son col lors des entraînements.

 

 

                

Un maillot OM third 2013-2014, innovant tant dans les matériaux utilisés (30 % de plomb) que dans le partenariat avec l'entreprise et la fierté locale : la société OBUT, Anigo est d'ailleurs heureux de parler d'un droit Obut pour la présence de ce sponsor maillot.



Pour l'Olympique Lyonnais, ils ont plus de mal à justifier leurs errances, peut être parce que la ville offre moins de stéréotypes que sa voisine méditerranéenne.

 

Ainsi, les Gones avaient justifié son horrible maillot 2010-2011 surnommé « la tapisserie » par la soierie lyonnaise. Soit.

 

 

Cette année, le troisième maillot rose fluo, paré de bleu s'explique par la fête des lumières qui a lieu chaque année sur les bords du Rhône. Ah.

 

Nos propositions pour les années suivantes :

 

                            

Un maillot OL third 2012-2013 qui sonne comme un triple hommage : à la fois au maillot « Edward aux mains d'Argent », à la gastronomie lyonnaise et à Justin Bridou, ancien sponsor du club dans les années 90. Seul point noir, les joueurs d’obédience musulmane vont fuir le club.

 

 

                              

Un maillot OL third 2013-2014 sponsorisé par Playstation, car au train où vont les résultats du club rhodanien, ils vont finir par vraiment la jouer sur console la Ligue des Champions. Oh wait. On me dit que c'est réellement celui de cette année. Vous pouvez donc me voir comme un précurseur en matière de mode vestimentaire. C'est facile hein ? Vous avez compris. Bien.



En bonus track : Une petite vidéo de celui qui avait vu venir la tendance du nawak fluo avant tout le monde : Jorge Campos.

 

 

 

Et pour un article un peu plus sérieux sur le sujet, retrouvez ici notre analyse des équipements de cette saison : cliquez ici

 

Article publié le 01 Août 2011 par Arthur Michel

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