Avec son recrutement galactique, le PSG change de statut et entraîne avec lui une modification des rapports de force au sein de la Ligue 1. Après un intermède la saison dernière où Montpellier s’est faufilé dans la brèche, il y a fort à parier que le championnat de France se verra monopoliser par le club de la capitale assez souvent dans les années à venir. En s’appuyant sur les autres championnats européens, le Moustache Football Club extrapole sur les rapports de force qui pourraient animer la Ligue 1 au cours de la prochaine décennie.
Un championnat comparable à ceux du Big Four ?
Thiriez claironne qu’avec l’arrivée des investisseurs qataris, la Ligue 1 est passée dans une autre dimension (ceux qui ont déjà vu jouer Dagui Bakari vous dirons que cela fait bien longtemps que notre championnat se situe à proximité de la quatrième dimension, enfin bon...). Si le PSG attire les stars mondiales, cela n’est pas du tout le cas pour les autres équipes françaises qui doivent se contenter au mieux des bons joueurs dans les championnats secondaires (Lissandro*, Lucho Gonzalez*), ou qui doivent se contenter de faire fonctionner la filière africaine (de moins en moins cependant) ou d’accueillir à coup d’euros trébuchants de vieilles gloires des grands championnats cantonnées à des rôles secondaires dans leur équipe (Joe Cole, Salomon Kalou).
Bref, le développement économique éclair du PSG est pour l’instant un cas isolé dans l’hexagone. Le rapport de force instauré ne permet donc pas de comparer la Ligue 1 avec la Premier League, la Bundesliga, la Série A ou la Liga où au moins deux équipes tiennent la dragée haute et dominent leur championnat. Marseille ou Lyon, voire Lille se sont construits petit à petit et leur force économique ne peut être comparable avec le PSG.
Un scénario à la portugaise ?
Ultra-dominant depuis près de 30 ans maintenant, le FC Porto a décroché 19 des 30 dernières éditions de la Liga, ne laissant échapper le titre que deux fois ces dix dernières années (au profit de Benfica). Un club unique dominant tous les autres, dont deux rivaux (le Sporting et Benfica) lui tenant parfois la dragée haute, c’est finalement une configuration que l’on peut retrouver en France dans les années à venir. Cependant, l’évolution économique de Porto est beaucoup moins rapide que celle du PSG, le club se faisant remarquer pour sa découverte de nouveaux talents qu’ils revendent à prix d’or. Qui plus est, son président, Jorge Nuno Pinto da Costa est en poste depuis 1982 est fut un fidèle supporter avant de devenir directeur. Finalement, cette monopolisation des titres lusitaniens est plus proche de ce que l’on a connu avec l’Olympique Lyonnais que ce que l’on connaîtra avec le PSG.
À mi-chemin entre la Russie et l’Autriche ?
De par son modèle économique spécifique et du bouleversement que cela provoque dans l’ordre hiérarchique du championnat de France, on peut penser que la Ligue 1 est un mix de ce qui se passe en Russie et en Autriche.
En Russie tout d’abord, car c’est à coup de Pétrodollars que le championnat russe s’est acheté une crédibilité, faisant de lui le 7e meilleur championnat européen, juste derrière la France. Lorsqu’en 2001 la division supérieure devient la Première Ligue Russe, les oligarques qui ont bénéficié des privatisations de l’appareil économique soviétique s’empressent d’investir dans les clubs. Résultat, une masse salariale qui explose et qui permet d’attirer de nouvelles têtes, voir des joueurs à la stature internationale qui n’ont jamais mis les pieds dans l’un des grands championnats d’Europe occidentale : Wagner Love, Doumbia, T. Honda etc. etc. Mais contrairement au PSG esseulé en Ligue 1, les investissements ont été effectué dans beaucoup de clubs, d'abord dans les clubs moscovites, puis dans les grandes villes du pays, nivelant le championnat.
Et si finalement, la Ligue 1 connaissait ce que connaît l’Autriche depuis la mutation de l'Austria Salzburg en Red Bull Salzburg ? Le club est racheté en 2005 par le groupe qui produit la fameuse boisson énergisante. Tabula Rasa dans la ville qui a vu naître Mozart, nouveau nom, nouveau blason, nouveau stade et nouvelles couleurs, le groupe agro-alimentaire voit grand et ne souhaite pas s’embarasser de l’héritage de l’Austria.
Après 7 ans, le résultat est mitigé. Sur le plan national, le club domine, remportant quatre des sept derniers championnats. Au niveau européen, le FC Red Bull peine à s’imposer, son meilleur résultat étant un 1/16e de finale l’an dernier en UEFA League. Cette année, le club s’est fait sortir du troisième tour de la ligue des champions face....au FC Dudelange, champion du Luxembourg. Si le modèle économique du développement du club (investissement rapide et massif d’un propriétaire étranger) et la hiérarchie du championnat sont deux éléments que l’on retrouve en France, le FC Red Bull n’a malheureusement pas obtenu des investissements à la hauteur de ceux du club de la porte d’Auteuil qui lui aurait permis de s'imposer au niveau européen.
L’exception française ?
Il apparaît donc difficile de comparer l’impact que peut avoir l’apparition de QSI au PSG et dans la Ligue 1. Finalement, deux voies s’ouvrent au football professionnel hexagonal :
- QSI est un précurseur et incite d’autres investisseurs étrangers à s'intéresser au football français, ou, comme il l’a déjà laissé sous-entendre, il investit dans un second club. Ce scénario est celui ambitionné par le groupe d’investissement qatari, hormis l’enjeu de l’image qu’est le PSG, il y a fort à parier que la Ligue 1 apparaîtra alléchante sur le marché asiatique si il existe une opposition entre deux clubs au minimum.
- L’investissement de QSI ne se cantonne qu’au PSG, les investisseurs rechignent à exploiter le marché français, accusant la lourdeur administrative et fiscale. Le championnat devient une formalité pour le club de la capitale qui cherche avant tout à briller sur la scène européenne.
Une configuration où le PSG écraserait la concurrence toutes les saisons n’aurait aucun intérêt pour la vente des droits TV dans les pays asiatiques où la population est très friande de football européen. Pour cela un réequilibrage de la Ligue 1 est nécessaire si le Qatar souhaite démontrer qu’il se positionne comme un acteur crédible du football, en prévision de sa coupe du monde en 2022.
Hormis ces considérations économiques, gageons que l’intérêt d’une compétition qui dure 10 mois sera alors fortement réevalué.
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* Pour ces deux joueurs, on peut également penser que la DIC, supprimée en 2009, a permis à l’OL et l’OM d’accueillir ces deux joueurs aux émoluments importants en comparaison des autres joueurs de Ligue 1.
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Après s'être attaqué aux partisans de gauche, le Moustache Football Club monte d'un cran dans la difficulté en tentant d'expliquer le football à une catégorie d'individus parmi les plus réfractaires au ballon rond : les geeks. Fort[...]
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Nicolas
27 Juillet 2012
Je tiens juste a signaler que pour Salzburg, la configuration est différente. L'investissement est massif mais non pas étranger puisque la boisson énergisante est basée à Salzburg et provient de cette même ville. Donc un peu mieux perçu que QSI, bien que tout de même très critiqué (surnommé Red Pigs )
Le succès très mitigé de cet investissement a donné une leçon à Red Bull : l'argent ne fait pas tout, en témoigne la très faible fréquentation de l immense stade du Red Bull Salzburg.
C'est surement pourquoi ils ont racheté le club de foot de Leipzig, alors dans les bas fonds des divisions allemandes (Veme division), et investissant moins mais plus intelligemment. Le but est ici le long terme (actuellement en IVeme division)
Evolution à suivre.
Arthur Michel
27 Juillet 2012
Merci pour ces précisions Nicolas, j'étais convaincu que le groupe était Suisse. Je vais corriger cela.
Red Bull et le foot mérite un article, ils ont aussi créé un club au Brésil récemment.
Nicolas
27 Juillet 2012
Oui, et également au Ghana, sous le même format que Red Bull Brazil :)
Karim
27 Juillet 2012
On va vers un championnat de France à deux vitesses, avec le PSG et les autres. Je vois mal une équipe refaire le même coup que Montpellier l'an dernier... Lille peut-être ? Les concurrents du club parisien sont trop faibles économiquement actuellement pour lutter : en effet, Lyon, Bordeaux et Marseille n'ont quasiment pas recruté. Le PSG doit concentrer 99,5 % des transferts cette saison.
Pour le championnat russe (ma spécialité, voir mon site) on a eu une hégémonie du Spartak Moscou avec neuf titres entre 1992 et 2001, et depuis le club moscovite n'y arrive plus et les titres ont été partagés entre le Zenit Saint-Pétersbourg (2007, 2010 et 2011/2012), le Roubine Kazan (2008 et 2009) et d'autres clubs moscovites (Lokomotiv en 2002 et 2004 et CSKA en 2003, 2005 et 2006). Les clubs appartiennent pour la plupart à des géants des hydrocarbures : Gazprom pour le Zenit (qui finance des équipes dans d'autres sports), Lukoil pour le Spartak, entre autres. Où à des mécènes, comme pour Krasnodar ou pour le célèbre Anji Makhatchkala.
La masse salariale a explosé mais elle concerne surtout les grosses équipes, les petites ont plus de mal à survivre et deux d'entre elles, pourtant installées en première division depuis de nombreuses années, ont fait faillite (le FK Moscou début 2010 et le Saturn à la fin de cette même année). D'autres clubs, comme Samara, ont été au bord du dépôt de bilan mais ce club parvient malgré tout à se payer des joueurs de renom comme Koller, Hleb ou récemment l'international paraguayen Pablo Zeballos. La DNCG locale, pour peu qu'il y en ait une, doit être moins stricte.
Voilà, désolé pour le pavé !
(PS : c'est Keisuke Honda et non T. Honda qui évolue au CSKA Moscou)
bowthan
30 Juillet 2012
Il est étonnant qu'il ne soit pas fait mention des russes qui investissent à Monaco. Ok ils sont pour le moment en L2 mais ils ont déja sur le papier de quoi rivaliser avec pas mal de clubs de L1. Et choses étonnante alors que pas mal de clubs de L1 semble baisser pavillon ou au mieux espérer faire un coup à la Montpellier (même si quand on s'appelle l'OM c'est plus dur de se faire passer pour le petit Poucet), eux ont déja les dents qui rayent le parquet. Dans leur projet c'est monter cette saison puis aller chercher le PSG.
Il faudra voir aussi à l'avenir des clubs que l'OM et l'OL s'ils changent de propriétaire et de dirigeants. On ne va pas me dire que l'OM par exemple n'est pas plus ou moins en vente et si des investisseurs russes ont été investier dans un Monaco en L2, un OM moribond ou en L2 pourquoi pas, ferait une belle proie. Surtout que l'OM a le statut de club rival N°1 du PSG. Donc si le championnat vient à être dominé par le PSG ça pourrait être intéressant pour quelqu'un voulant mettre ses billes dans le championnat.
Pour l'OL c'est LE club des années 2000, c'est aussi certainement devenu le club français le plus connu au niveau international. Faire 13 ligues des champions de suite, dont une demie et 2 quarts tandis que les autres ne font que des passages éclairs ça laisse une trace. Ajoutons à ça le projet de stade le plus ambitieux jamais vu en France et la aussi ça fait potentiellement une cible de choix si quelqu'un souhaitait investir dans le championnat de France.
Enfin et c'est plus hypothétique mais il pourrait très bien à l'avenir voir émerger un deuxième club parisien. C'est d'ailleurs l'ambition du Paris FC de Jean Marc Guillou. Ce dernier est connu pour avoir fondé une académie à son nom en Afrique. Mais après tout avec un Paris FC parvenant à accéder à la L2, la aussi potentiellement ça peut donner des idées. D'autant plus qu'il y a un gros stade sans club au Nord de Paris, le Stade de France. Peut être sinon faudrait il que le club se hisse "tout seul" en L1 avant de sortir de l'ombre et la ça serait plus dur mais pourquoi pas.
Sinon pour cette année, c'est pas plié, Lille peut très bien jouer le titre. Ils ont tout pour, un effectif qui a pas trop bougé , un recrutement qui doit être le plus ambitieux après le PSG. Et de toute façon le PSG ne sait pas gagner un championnat. Ils ont gagné quoi d'ailleurs ? A part le droit de rêver...
bowthan
30 Juillet 2012
Ah au fait, je me permets juste d'ajouter que le club de Red Bull Salzbourg dont l'article parle dans la partie russo autrichienne, est justement le club qui a sorti le PSG Qatarien en Europa League l'an passé. J'ai souri car c'est quand même révélateur que ce club "aux résultats mitigés" aie fait son meilleur résultat européen contre ce PSG.
foot amateur
02 Août 2012
ALLEZ VA !
iPee
03 Août 2012
Tout à fait d'accord avec bowthan concernant Monaco ainsi que les possibilités de développement.
En tant que bordelais, je rajouterais Bordeaux. Club éternellement à vendre par M6 et dont la ville est d'un intérêt fort pour les chinois avec le vin en prime du football.
Si Paris et Monaco se montrent, on est en droit d'espérer voir 2 ou 3 investisseurs débarquer sur notre sol, histoire d'avoir un Big 4 tant espérer par Thiriez.
Je ne sais pas si c'est vraiment un super plan sportivement et éthiquement, mais il faut admettre que c'est aujourd'hui le seul espoir pour le foot français de redresser la barre face aux nations rivales.