Licencié par les dirigeants parisiens après un titre honorifique de champion d'automne, Antoine Kombouaré, malgré ses limites, laisses un très bon souvenir dans le club de la capitale. Tentative de bilan « sincère ».
Un meneur d'hommes incomparable
Quelque chose a changé à Paris le jour où Antoine Kombouaré a été nommé entraîneur. Terminés les objectifs audacieux qui se terminent en eau de boudin, aux portes de la relégation, au mieux dans le ventre mou. Le Kanak transmet son humilité, son calme, sa discrétion à son équipe, qui ne compte aucune star – à part Sessegnon avec qui Kombouaré ne transigera pas – et tente de bien figurer dans un championnat où elle reconnaît qu'elle ne peut rivaliser avec les « gros ». Terminés les recrutements exotiques foireux, direction la L1 et des joueurs sérieux, fiables et travailleurs comme Christophe Jallet. Le PSG ne renvoie plus – ou beaucoup moins – l'image d'une équipe arrogante et ridicule. Marseille et Lyon commencent à lui disputer le titre de club le plus détesté de France.
Dans un calme relatif (n'oublions pas qu'en Ile de France la PQR veille, ou plutôt malveille), Kombouaré laisse les feux de la rampe à l'OL, l'OM et aux Girondins. Il construit un groupe et s'attache à étouffer dans l'oeuf, avec un certain brio si l'on prend en compte la surmédiatisation du club de la capitale, les quelques caprices qui ça et là auraient pu déstabiliser le club : Nenê le perso, Chantôme qui veut plus jouer à droite (lire plus loin), Sessegnon qui se trouve beaucoup trop bon pour être le remplaçant de Giuly etc.
Kombouaré a su gérer les conflits qui sont apparus dans un club où tout événement sortant un temps soit peu de l'ordinaire est appelé à devenir un psychodrame. En dire le moins possible à des médias financièrement intéressés à tout événement ayant potentiel de crise, et régler les problèmes dans le vestiaire, en distillant diplomatie et autorité à doses adéquates, voilà la méthode d'un entraîneur dont la grande qualité restera sa gestion de l'humain au cœur d'un club de football aussi particulier que celui de la capitale.
Kombouaré restera aussi comme un coach très protecteur de ses joueurs – en soi, plutôt une bonne idée dans un club comme le PSG – jamais avare de superlatifs devant la presse après une victoire 1-0 à domicile contre un club du ventre mou, toujours prêt à saluer l'envie de son équipe après une piteuse défaite... S'il est toujours apparu auprès du public comme un homme digne et calme, Komb' est capable de soufflantes salutaires (comme en avaient témoigné quelques joueurs l'an passé) et ses protestations sur le bord du terrain contre l'arbitrage n'eurent parfois rien à envier aux très pénibles hurlements nasillards d'un Puel ou d'un Deschamps. En dépit d'une franchise reconnue envers ses joueurs, Kombouaré a souvent cédé aux sirènes de la langue de bois lors de conférences de presse où il n'a jamais dit grand-chose de palpitant. C'est aussi parce que Kombouaré s'est toujours montré discret qu'il est resté si digne ces derniers mois, alors qu'il savait son sort scellé depuis l'arrivée des Qataris. « Moi je lâcherai jamais », glissait-il dernièrement, quand on lui demandait de quoi était fait son avenir. Digne et humble.
Les limites du tacticien
Antoine Kombouaré a un système : le 4-4-2, qu'il avait déjà mis en place à Valenciennes. Lorsque, la saison dernière, les blessures se succèdent à la pointe de l'attaque parisienne, Komb' ne change pas de système. Au contraire, il n'hésite pas à placer Bodmer, dans un rôle de véritable deuxième attaquant, en lieu et place d'Hoarau. Ce qui a pu passer pour un 4-2-3-1 auprès de certains, Bodmer étant a priori un milieu, ne l'était pas. Bodmer occupait alors un rôle de pivot tout à fait comparable à Hoarau : on le cherchait en première intention dès le ballon récupéré, souvent de la tête, et l'ancien Lyonnais jouait non sans un certain succès en déviations vers Giuly ou Erding. En tournoi de pré-saison, c'est ce système que le coach parisien avait mis en place : un pivot type Bodmer, et un attaquant de profondeur comme Gameiro. Ca paraissait prometteur.
Patatras quelques semaines plus tard avec l'arrivée d'un numéro 10. Pastore chamboule les plans de Kombouaré et son immuable 4-4-2. Terminé le pivot, bon de la tête, sur qui on peut jouer long quand il n'y a pas d'autres solutions. Kombouaré ne saura jamais trop quoi faire du cas Pastore, qui occupera alors une fonction d'électron libre, un coup sur une aile, un coup très haut sur le terrain, un coup dans sa propre moitié, tout en allant s'épancher sur sa déception de ne pas jouer à son poste. C'est à cette occasion que le tacticien fera l'aveu de ses limites. Kombouaré ne joue qu'avec 2 milieux (on a jamais vu un 4-3-3 sous son règne à Paris) et sans numéro 10. Dès lors que les profils des joueurs à sa disposition l'imposent, Komb' patauge.
En cours de rencontre, Kombouaré a toujours fait preuve d'une certaine frilosité, même quand son équipe était menée. Jamais on ne l'a vu changer son système en cours de rencontre, y compris lorsqu'il était patent qu'il était inadapté à l'adversaire. Il a donné l'impression d'avoir une feuille de route, la même pour tous les matches et en toutes circonstances : Jean-Eudes Maurice à la 76ème, Erding à la 81ème, Ceara à la 84ème avec replacement au milieu de Jallet ou Armand... Mais peut-être faut-il y voir là une preuve d'humilité : conscient de ses limites tactiques, Kombouaré rechignait à prendre trop de risques.
On pourra aussi lui reprocher, à l'image de nombre de ses collègues en L1, d'avoir « balancé » l'Europe. On se demande toujours comment il a pu, après une qualification en 1/16èmes de finales dans une des poules les plus difficiles (elle comprenait Dortmund et Séville), aligner une défense Ceara – Traoré – Camara – Makonda à l'Estádio da Luz... Rigide, Komb' l'a aussi été dans son turn-over. Mais c'était peut-être le prix d'une bonne figuration en championnat.
Un bilan globalement flatteur
Paradoxalement, c'est cette rigidité qui, à terme, a fini par faire d'un PSG médiocre un candidat sérieux à la Ligue des Champions. En réalité, entre les saisons 2009 (le PSG finit 13ème) et 2010 (le PSG finit 4ème), pas grand-chose n'a changé : le système en 4-4-2 est maintenu, l'animation, très simple, est la même (il s'agit en principe de trouver le pivot – Hoarau en 2009, plutôt Bodmer en 2010 – sur une passe longue, ce dernier remettant alors vers l'arrière à Nenê/Chantôme ou en profondeur vers Giuly/Erding). Antoine Kombouaré est incontestablement un homme du long terme, qui ne « prend pas les matches les uns après les autres ». Il est l'un des seuls entraîneurs à avoir été capable de construire quelque chose à Paris. Et on lui doit une qualité de jeu très honorable au regard de ce qui se fait en général en Ligue 1. Bref, c'est avec exactement la même formule, peaufinée par un entraîneur qui, depuis ses débuts à Strasbourg, n'a cessé de progresser, que l'équipe, à son tour, s'est améliorée.
Au fond, entre les saisons 2009 et 2010, les deux changements majeurs ont été l'arrivée du décisif Nenê et l'éclosion d'un véritable relayeur, Chantôme, venu pallier les limites techniques du par ailleurs exemplaire Jérémy Clément. Deux cas d'espèce que l'on doit, là encore, à Komb', dont le recrutement a rarement été décevant (on citera Erding, mais pas Tiéné quoiqu'en disent ses nombreux détracteurs) et toujours bon marché : Nenê (5,5M), Jallet (2,5M), Tiéné (1,5M), Bisevac (3,5M), Bodmer (2,5M).
A son crédit également, une bonne gestion des premières générations vraiment talentueuses de jeunes au PSG avec la confirmation de Mamadou Sakho, l'intégration de Bahebeck et Kebano en équipe première (même si paradoxalement le premier, qui a montré moins que le second, joue plus), le doublé U17 et U19 de la saison passée, les quelques titularisations d'Aréola, un acharnement déprimant à faire entrer Jean-Eudes Maurice. Mais c'est encore dans la gestion du cas Chantôme que les qualités de Kombouaré se sont exprimées pleinement : alternant entre le médiocre et le mauvais depuis ses débuts sous Le Guen, le relayeur, trimbalé sur les ailes pour le bien de l'équipe, fera son temps sur le banc, le temps de quelques caprices vite étouffés et autres vélléités de départ, pour mûrir un peu, devenir un bon joueur de Ligue 1 en 2010, un titulaire solide et un acteur majeur de la 4ème place de la saison dernière (même si c'est plutôt Makélélé qui en a récolté les louanges...). Kombouaré a gardé de beaux restes de son premier job en tant qu'entraîneur : la réserve du PSG entre 1999 et 2003.
« Casque d'Or » a su tenir la barre à une période où les caisses étaient vides et l'atmosphère extra-sportive délétère : la première année avec les violences autour du Parc, la deuxième en jouant dans un stade vidée par le lamentable plan Leproux que Komb' a d'ailleurs soutenu avec un zèle surprenant.
La saison 2011/2012, on la connaît. Kombouaré part la tête haute, leader de son championnat, à la tête d'un effectif qui connaît aussi des faiblesses (à titre d'exemple, Ménez et Nenê, sur les ailes, n'ont qu'une doublure : un jeune, Bahebeck, qui a 10 matches de L1 dans les jambes et dont le niveau se situe entre la CFA, qu'il survole, et la L1, où il peine). Contraint par le recrutement de Leonardo auquel il n'a pas toujours su s'adapter sur le terrain, pas épargné par les blessures de joueurs importants (Sakho, Chantôme, Matuidi), il méritait assurément un meilleur sort. Mais nul doute que « Casque d'Or » saura rebondir. Il y a par exemple à Sochaux une place qui ne devrait pas tarder à se libérer et quelques melons à mater...
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Staive
26 Décembre 2011
"lamentable" plan Leproux? Argumentez svp.
Staive
26 Décembre 2011
"lamentable" plan Leproux? Argumentez svp.
Staive
26 Décembre 2011
Staive :
/articles/2011/2/la-strategie-du-choc-version-leproux-1e-partie.html
+ une foisonnante série d'articles de PSG MAG, de So Foot et autres.
Nicolas
26 Décembre 2011
Euh bug... le précédent commentaire est de moi-même (l'auteur) et pas de Staive, vous l'aviez compris.