Messi est-il le meilleur joueur de tous les temps?
Les avis sont partagés, chez nous aussi. Si Lionel Messi est l'un des meilleurs joueurs contemporains, si ce n'est LE meilleur selon l'avis général, des voix s'élèvent pour le sacrer "meilleur joueur de tous les temps". Un rasoir, une tondeuse, deux point de vue d'un moustachu et d'un barbu.
Les avis sont partagés, chez nous aussi. Si Lionel Messi est l'un des meilleurs joueurs contemporains, si ce n'est LE meilleur selon l'avis général, des voix s'élèvent pour le sacrer "meilleur joueur de tous les temps". Un rasoir, une tondeuse, deux point de vue d'un moustachu exclusif et d'un moustachu barbu.
Arthur Michel : "Ne boudons pas notre plaisir"
S’il est un fait avéré que Messi appartient déjà au hall of fame du football, il faut aussi se rendre à l'évidence que le garçon est en train de battre des records statistiques. Avec une étonnante régularité depuis le début de sa carrière en 2004, il a inscrit 196 buts avec Barcelone dont plus de 30 lors des cinq dernières saisons (27 en 2012/2013 au moment d'écrire ces lignes mais qui ose imaginer qu'il n'atteint pas la trentaine avant le mois de mai ?)
Derrière la dictature des chiffres, il y a également une technique fabuleuse, tel Maradona ou Romario. Ce dernier, de par sa participation à l’un des âges dorés du club catalan est celui qui nous le rappelle le plus : un centre de gravité très bas allié à une merveilleuse technique et une superbe efficacité devant le but. Mais à seulement 25 ans, l’Argentin est actuellement en avance sur le ratio de but par match (0.81) du Brésilien (0.75). Et ce n’est pas faire insulte que de penser que le 11 oriverde a profité de la faiblesse du championnat brésilien dans lequel il a joué treize ans.
Ces détracteurs accusent Messi de ne pas être un ange sur le terrain et que l’image que véhiculent les médias est trop manichéenne. Certes, mais il reste un joueur relativement correct, loin des errances d’un Balotelli, de l’arrogance d’un Ronaldo ou des pétages de plomb du Pibe de Oro. On peut reconnaître l’exceptionnalité du gamin sans être forcément un béni oui oui et ce n’est pas en le diabolisant que l’on fait plus preuve de plus d’intelligence que les Léomessix.
L’argument d’un collectif très performant dédié à sa cause apparaît également très faible tant Léo Messi sublime et apporte aux Catalans plus qu’il ne reçoit. La seule ombre aux tableaux reste ses prestations en demi-teinte avec l’Albiceleste. Mais avec 31 buts en 75 apparitions, n’est-on pas un peu trop dur avec le petit génie Argentin ? Surtout lorsque celui-ci joue déjà 50 matchs par saison avec les Blaugrana...son déficit de trophées en sélection nationale peut d’ailleurs être largement compensé par 3 Ligues des Champions et 16 autres trophées...
Même si la comparaison historique entre footballeurs est un exercice de style compliqué, Messi écrase ses concurrents sur le terrain de l’efficacité statistique, cela dans un contexte contemporain certainement plus “concurrentiel” qu’à toute autre époque. Messi est en train de marquer l’Histoire du ballon rond et il m’apparaît déplacé de bouder son plaisir parce que l’Argentin est aujourd’hui considéré comme LA star du foot aux yeux du grand public et des journalistes sportifs.
Cédric : "Non, les époques ne sont pas comparables"
Oui, Léo Messi est un très grand joueur de foot, parmi les meilleurs du moment et sans doute le meilleur et le plus régulier de ces dernières années. Mais écraser la concurrence à un instant t ne fait pas de vous le meilleur de tous les temps, même si l'on a du mal à voir la machine s'arrêter. Mais on a beau superposer ses stats à Pelé ou Frédéric Née, cela ne change rien.
A contexte différent, statistiques différentes. Le récent ballon de plomb, Issam Jemaa, ballon de plomb méritant, marque plus d’un but par match depuis qu’il est au Koweït. Oui, la Liga n’est pas comparable à l’un des championnats les plus faibles du monde, mais en quoi le football moderne serait comparable à celui des années 50, 70 ou 90 ?
Ils faisaient parti des meilleurs à leur époque Raymond Kopa, Ferenc Puskas et Alfredo Di Stefano, qui ferait passer Gignac pour un anorexique.
Quand, Leo Messi se faisait subventionner des hormones de croissances par le Barça à 13 ans (qui sont considérées commes dopantes au passage...), Raymond Kopa travaillait dans les mines du nord de la France, Georges Best connaissait ses premières cuites à la Guinness à Belfast et Marco Van Basten jouait le mercredi avec le club du quartier. Une fois professionnels, tous ces joueurs ont pourtant marquer leur époque, en la survolant plus ou moins, la concurrence semblant plus homogène, mais seul Messi a bénéficié d'une formation moderne, tout en mettant papa et maman à l’abri du besoin, d’un suivi personnalisé d’un point de vue aussi bien footballistique que médical.
Car Leo Messi est aussi un produit marketing qu’il faut mettre en avant. Armstrong s’est fait chopé, Lemarchal n’a pas survécu, l’argentin est dans la tradition de ces malchanceux de la vie qui ont lutté contre la maladie et qui sont malgré tout devenu les meilleurs. On soigne son image de gentil petit garçon timide, tel Zidane à son époque, tant qu’il ferme sa gueule, après tout, il ne dit pas de connerie, mais l’histoire a rappelé à ceux qui déifiaient le numéro 10 français que la discrétion ne vous rend pas moins con.
Les écouteurs, le chewing-gum, CR7 est formel, Messi s'est inspiré de lui.
Il est vrai que Messi bénéficie d’une stat un peu unique : à 25 ans et malgré plus de 60 matchs par saison et un physique de moineau, il n’a connu dans sa carrière que 3 blessures bénignes ne l’éloignant des terrains jamais plus d’un mois, là encore grâce à toute une entreprise acquis à sa cause et soucieuse de lui offrir la meilleure hygiène de vie possible (voir plus) afin qu’il ne suive pas les pentes des Ronaldo 1er (le vrai, devenu Gronaldo), Ronaldinho, Patrice Loko ou Sydney Govou.
Si ses prédécesseurs n’ont pas pu bénéficier de la même formation, ses successeurs en connaîtrons une probablement encore meilleure, et l’on discutera à nouveau de ce jeune homme formé dès ses 4 ans à devenir le meilleur du monde, à qui on a offert les meilleurs formateurs, les meilleurs médecins, les meilleurs coéquipiers, le meilleur agent pour en faire le meilleur produit marketing. Il sera le meilleur de son époque mais pas de tous les temps.
Pour draguer les nanas, être un footeux plein aux as ne suffit pas toujours. Heureusement, les dauphins, ça marche plutôt bien.
