Le pari d'une Coupe du Monde écologique
La Coupe du Monde 2014 se veut "verte". Un défi qui n’est pas nouveau et qui va s’accentuer l’année prochaine au Brésil d’après la FIFA. L’organisation compte investir un peu plus de 15 millions d’euros pour un évènement plus respectueux de l’environnement. Un projet crucial qui semble compliqué à mettre en oeuvre sur le long terme.
La Coupe du Monde 2014 se veut « verte ». Un défi qui n’est pas nouveau et qui va s’accentuer l’année prochaine au Brésil d’après la FIFA. L’organisation compte investir un peu plus de 15 millions d’euros pour un évènement plus respectueux de l’environnement. Un projet crucial qui semble compliqué à mettre en œuvre sur le long terme.
Une Coupe du Monde ne s’improvise pas. Des millions investis, une masse affolante de supporters à accueillir et des paysages profondément modifiés sont le lot d’une telle compétition. Plusieurs études ont tenté de mesurer l’impact de cet évènement mondial sur le moyen, long terme sans pouvoir être catégoriques. Quelques mois avant le début de la Coupe du Monde 2010 en Afrique du Sud, Eric Barget, du Centre de droit et d’économie du sport, concède dans un dossier que « les retombées économiques s’avèrent difficiles à évaluer ». Au-delà de l’aspect économique, c’est l’ensemble des conséquences qui sont difficiles à mesurer. Et parmi elles, les effets sur l’environnement ont pendant longtemps été sous-estimés voire même ignorés. Pour rattraper ce retard et répondre à une préoccupation actuelle, la FIFA a avancé l’idée d’une Coupe du Monde écologique et ce sous l’impulsion du Programme des Nations unies pour l'Environnement. Le 19 juin 2012, l’organisation de la compétition a participé à la Conférence des Nations Unies pour le développement durable à Rio. Un moyen d’affirmer son intérêt pour la question et de présenter sa stratégie pour 2014.
Prise de conscience
La question environnementale est depuis peu intégrée dans le discours de la présidence de l’UEFA. Un retard observable par les chiffres. Nathalie Durand, directrice générale de l’Observatoire Sport et Développement Durable, rappelle dans une interview accordée à GoodPlanet.com que « selon le Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), l’évaluation [pour la Coupe du Monde] monte à 2,75 millions de tonnes d’émissions de CO2, contre 1,18 million pour les Jeux Olympiques de Pékin ». Elle déplore par ailleurs le manque d’attention des organisateurs envers les habitants : « le pays risque d’être transformé en parc d’attraction géant, oubliant les populations locales. ». Un effort considérable reste à produire pour que l’impact d’un évènement planétaire soit le plus positif possible pour le lieu où il se déroule.
Sur le terrain
Avec un budget de plus de 15 millions d’euros, la FIFA compte impacter positivement sur le pays organisateur, le Brésil, en investissant dans des projets et techniques plus respectueux de l’environnement : « stades écologiques, bonne gestion des déchets, implication des communautés locales, réduction et neutralisation des émissions de carbone, utilisation d’énergies renouvelables […] ne sont là que quelques-unes des composantes de la stratégie qui sera appliquée ». Par ce biais l’évènement est censé changer les comportements et participer à la politique de développement durable locale. Le Brésil a pendant longtemps été fâché avec la protection de l’environnement. La destruction de la forêt amazonienne en est un exemple connu. Source de richesses pour le pays, l’avenir du « poumon de la Terre » est incertain. Symbole d'une compétition plus propre, le stade Arena Amazônia sera construit à Manaus. L’organisation assure que « les travaux seront intégralement réalisés dans le respect des normes du développement durable, avec comme principal objectif de laisser un héritage pérenne pour la région et de préserver la diversité de la flore amazonienne ». L’eau de pluie y sera récupérée, des panneaux solaires seront installés et des murs végétaux érigés.
« Dans la durée »
L’organisation insiste sur une stratégie à long terme et pense donc à l’après Brésil 2014. En 2022, le Qatar va accueillir la Coupe du Monde. Une compétition qui devrait coûter 164 milliards d’euros. La note est salée et le développement durable ne semble pas être la préoccupation première. Barack Obama y est allé de son commentaire en parlant d’une « mauvaise décision » de la FIFA. La chaleur de la région poussera, en effet, les organisateurs à adapter les performances des stades. Des systèmes de climatisation géants seront intégrés pour une somme conséquente : 35 milliards d’euros. Outre le coût, pas sûr que ce soit ce qu’il y a de plus écologique. Douze stades seront spécialement construits pour accueillir la compétition. Des travaux qui vont générer une consommation énergétique phénoménale. Les enjeux économiques sont tels que la question du développement durable risque d’être laissée sur le banc de touche. Jérôme Valcke, secrétaire général de la FIFA a rappelé lors d’une visite des installations au Brésil la nécessité d’ « organiser une Coupe du Monde verte ». En 2014, le défi risque d’être relevé mais pour les prochaines éditions la tâche sera difficile à pérenniser.