Cinq personnalités du foot français qu'on aimerait bien voir hors-jeu en 2013
Janvier n'est pas encore terminé et il est encore temps pour nous d'émettre nos voeux pour cette année 2013. Aux cinq personnalités de cet article, nous allons tout de même souhaiter une bonne santé mais ça sera tout pour les formules de politesse.
Le joueur Français qui s’exile en Angleterre
En plein milieu du débat sur l’exil fiscal des personnalités dont le train de vie n’a d’égal que celui des injures que nous avons envie de leurs proférer, il existe une variable constante qui franchit allégrement la Manche sans se soucier des qu’en-dira-t-on. Car si l’on peut comprendre la volonté de découvrir un autre pays ou de répondre positivement à la demande d’un Liverpool ou d’un Manchester, le fait de signer à QPR comme l’a fait Loïc Rémy lors du mercato nous laisse songeur...Dans le trio de tête en championnat de France, on ne doute pas que l’OM, l’OL et le PSG soient présents en Ligue des Champions l’an prochain. Quel intérêt sportif de se rendre alors dans l’un des clubs londoniens les moins huppés...On peut penser que Rémy songe ensuite à rallier un membre du Big Five si ses résultats sont concluants mais combien ont sorti la tête de l’eau lorsque leur club était en plein marasme ?
On ne retiendra alors que les avantages financiers de se rendre dans un tel club. Le dernier de Premier League percevra cette année plus de 80m€ de droits TV...le double de ce que touchera le champion de France.
Cela reflète également la position délicate de la sélection nationale. Il y a 10 ans, nos attaquants français appartenaient tous aux meilleurs clubs européens, en 2013, Didier Deschamps fait du Montebourg et préfère se pencher sur la Ligue 1 que sur des clubs de seconde zone de championnats plus prestigieux (mis à part l’énigme Louis Saha).
Un choix de carrière risqué donc pour le joueur originaire de la banlieue lyonnaise qui risque de passer sous le radar de la Desch’ pendant un bon bout de temps. Sauf si il compte sur les relations particulières qu’il a tissées avec l’ancien entraîneur de Marseille...
Après tout, Rémy s’en fout peut être du blason au coq. Et si c’est le cas, bon débarras.
Christophe Dugarry
Loïc Rémy aurait pu demander conseil à Christophe Dugarry, attaquant qui a globe-trotté sans succès une bonne partie de sa carrière. Certes, celui-ci part de Bordeaux après 8 ans de bons et loyaux services pour rejoindre le prestigieux Milan AC en 1996. Une petite saison plus tard, il est placé sur la liste des transferts et rejoint Barcelone où il ne jouera que 13 matchs, souvent au poste de milieu défensif. C’est en revenant à Marseille en 1997 puis à Bordeaux en 1999 qu’il retrouve une place en équipe de France. CQFD.
Cependant, là n’est pas l’origine de notre propos. Christophe Dugarry est un joueur qui segmente. Un peu comme David Ginola avant lui. Une moitié le trouve élégant, l’autre insupportable. Devenu commentateur en 2006, son timbre de voix sentant bon le sud-ouest passe plutôt bien à l’écran et fait l’unanimité dans le milieu, allant jusqu’à être élu consultant sportif télé de l’année 2009. Hélas, Christophe Dugarry s’est vu décerner le rôle de celui qui crache dans la soupe : critiquer à tout va le PSG d’Ancelotti, estimant que ce dernier ne bénéficie pas d’une identité de jeu particulière. Un comble lorsqu’on sait que le PSG truste les antennes de Canal, fer de lance des médias zlatanocentré.
Dugarry n’est qu'un des symboles du groupe de lobbying France 98 qui a pris le pouvoir à la FFF et sur les plateaux TV. Que ce soit Lizarazu, Thuram, Dugarry, Zidane ou Blanc, leur double victoire en 98 et 2002 leurs ouvre toutes les portes et leurs fait dire tout et n’importe quoi, comme Lizarazu défendant le bilan de son pote Laurent Blanc alors qu’il fustigeait celui de Domenech, pourtant meilleur statistiquement.
Si l’on ne souhaite pas l’arrêt de sa carrière du consultant (et le remplacer par Pierre Ménès ? Merci bien), on peut se demander si un recadrage de la part de Cyril Linette ne serait pas une bonne idée. A défaut, on pense que le Qatar, principal actionnaire du club de la capitale ET de la chaîne BeIn qui a accepté un deal plus qu’avantageux avec Canal s’en chargera...
Zlatan Ibrahimovic
Après tout, pour contrer Dugarry, il faut peut être s’attaquer à la source du problème : Zlatan Ibrahimovic. Véritable personnalisation de l’engouement que suscite la révolution PSG chez les médias, il est servi à toutes les sauces. Canal y est même allé de son petit reportage nommé “Zlatan l’intégrale” où l’on retrouve le résumé de sa carrière, ponctuée d’analyse comportementale de comptoir. Outrance, gavage, excès, il n’y a plus de mots pour définir ce que l’on ressent à l’égard du phénomène médiatique qu'il suscite.
Le pire est qu’on ne peut pas lui en vouloir, la star reste très discrète en dehors des terrains et le club parisien n’en fait pas des tonnes. La plupart des médias est encore au centre du problème : des sujets flatteurs à l’égard de Ibrahimovic, des sujets contre Ibrahimovic et des sujets “pourquoi parle-t-on d’Ibrahimovic ?” envahissent les écrans d’ordinateur et de vos télévisions. Une opération de marketing savamment pensée, les médias ayant suscité le besoin d’en savoir plus sur le géant de Malmö, le déifiant outre-mesure.
Que l’on soit d’accord, nous ne méritons pas Ibrahimovic et à l’instar d’un Drogba ou d’un Anelka s’ennuyant en Chine, il y a fort à penser que l'appât du gain devienne vite secondaire lorsqu’on est déjà pété de thunes. Se coltiner un déplacement à Marcel Picot au mois de janvier, ça va une fois - pour satisfaire le goût de l’aventure et une certaine forme de curiosité morbide - mais répéter l’épisode chaque année risque de lasser.
Pire, une fois que Cyril Linette et ses grosses têtes (les fameuses têtes de Linette) auront fait le tour du sujet et que le joueur baissera le pied, Ibra passera au presse-purée et chacune de ses erreurs se verra décryptée et fera l’objet d’un lapidation à coup de fiel.
Non, définitivement, rendez-nous les Nivet, Jeunechamp, Pouplin et autre Ducourtioux. Du joueur bien gras sur lequel il n’y a rien à dire, tant sur le terrain qu’à l’extérieur et qui nécessite alors de se pencher sur le jeu et le collectif de son équipe.
Loïc Fery
Si les Merlus du FC Lorient font une bonne saison, dans la continuité de la précédente, ils le doivent en partie à Loïc Fery, leur président depuis 2009. L’homme a su insuffler une nouvelle dynamique et un nouveau projet aux tango et noir. À 37 ans, Loïc Fery détonne dans le paysage des dirigeants du football français. Un physique entre Jason Statham et Philippe Val, une carrière fleurissante de golden boy de la City et une ambition de dépoussiérer le métier de dirigeant du foot français.
Et c'est là que le bât blesse.
Loïc Fery est avant tout un entrepreneur, un passionné de foot certes (quoique étant Nanceen d'origine, il part avec un sérieux handicap) mais qui n'entretient aucune relation avec Lorient (il vit d'ailleurs à Londres et ne se déplace en Bretagne que sporadiquement). Comme tout acteur de la finance mondiale, il n'a qu'un ennemi : l'incertitude qui émane du risque. Ce qui peut paraître paradoxal lorsqu'on connaît la part de hasard qui existe autour de chaque match. Ce soucis d’éviter les écueils le pousse à se transformer en un clone de Jean-Michel Aulas. L’homme prend de l’assurance et n'hésite donc pas a donner sa vision du football ou de la fiscalité, comme ce fut le cas pour l'arbitrage vidéo récemment sur son compte twitter et dans la presse.
Autre critique que l'on formulera à Loïc Fery, c'est la politique salariale qu'il a mis en place du côté du Moustoir : une part fixe relativement basse et un montant variable selon les résultats du club, permettant au FC Lorient de disposer d'un fond d'investissement en fin de saison si les résultats n'ont pas été à la hauteur des attentes. Cette manière de concevoir l'engagement avec son entreprise est proche de ce que ce dernier a expérimenté avec ses traders du Crédit Agricole mais peut on le concevoir dans le cadre de la législation française et du football ? Pourquoi ne pas développer les recettes plutôt que de réduire drastiquement les dépenses ?
Car la volonté d’installer durablement le club dans le paysage de l’élite française va sans doute se heurter à la taille de l’agglomération lorientaise (190.000 habitants). Comment un club pourra-t-il se développer économiquement alors que la taille de son agglomération détermine de plus en plus sa place au classement ? Loïc Féry sera-t-il encore fidèle à Lorient une fois la limite de son développement atteinte ?
Toi
Enfin, un dernier pour la route et non des moindres. Toi, le petit geek derrière ton ordinateur et ton compte twitter qui critique pleinement les dérives du football français en 140 caractères. Toi, celui qui se pâme sur le football vrai et qui regrette les shorts des années 70, toi, celui qui fustige Canal plus et les approximations de ses commentateurs. Oui, toi, celui qui regarde tous les matchs possibles et imaginables mais qui oublient d’aller au stade, là où bat le coeur du football, toi qui reproche au footballeur son manque de discernement, son attrait pour l’argent et sa volonté de partir au Qatar plutôt qu’à Troyes dans l’Aube. Toi mon petit qui avoue que le foot est pourri par l'argent mais qui en reste à ce simple constat, toi qui pense que c'est en se montrant plus raisonnable et objectif que ceux qui piétinent les droits des supporters/spectateurs/simple citoyen qu'ils se feront entendre, nous pensons que cela est comparable à de la résignation.
La sauvegarde d'un football authentique passe par l'union des forces en présence, tant du côté des supporters dans l'ensemble de l'Hexagone que sur la toile si une alternative veut voir le jour.