Ces sélections nationales qui n'ont pas d'état
Alors qu’en France l'on s’étripe sur la question de la représentativité de l’état français à travers sa sélection nationale, ailleurs, la FIFA semble ne pas se poser la question. En effet, on compte 209 sélections nationales reconnues par l’organisation internationale du football...cela même alors que l’ONU ne reconnaît que 194 états membres...
Alors qu’en France on s’étripe sur la question de la représentativité de l’état français à travers sa sélection nationale, ailleurs, la FIFA semble ne pas se poser la question. En effet, on compte 209 sélections nationales reconnues par l’organisation internationale du football...cela même alors que l’ONU ne reconnaît que 194 états membres...
Une sélection nationale comme premier geste de reconnaissance d’un état-nation
Le dernier membre en date de la FIFA est le Soudan du Sud, suite à la sécession de sa partie méridionale avec la République du Soudan le 9 juillet 2011. Le lendemain, le premier match de la sélection nationale masculine a lieu à Djouba, la capitale, contre le club kenyan de Tusker FC. Si il faut attendre mai 2012 pour voir la fédération du Soudan du Sud être reconnue par la FIFA, cette rapidité à concevoir l’apparition d’une équipe de football démontre tout l’intérêt géopolitique qu’il y a dans la constitution d’une sélection nationale.
Les nations constitutives de la Grande-Bretagne, premières exceptions de la FIFA
On tend à l’oublier mais l’Angleterre, l’Écosse, l’Irlande du Nord et le Pays de Galles ne sont pas des états mais des nations qui constituent l’état du Royaume-Uni. Si la plupart des sportifs de cet état bat pavillon sous l’Union Jack, ce n’est pas le cas du rugby et du football où chacune des nations dispose de sa propre sélection nationale. Rien de surprenant lorsqu’on sait que les deux sports ont une origine commune. Dans notre article “Équipe de Grande-Bretagne : God save the kick”, nous vous avions déjà exprimé les enjeux politiques, sportifs et économiques de cette division.
Les Caraïbes : à la poursuite de l’exception britannique
Le Royaume-Uni se doit d’accorder les mêmes droits à ses concitoyens sur tous son territoire. Quatre de ses territoires d’outre-mer se sont donc vus accorder l’autorisation de créer leur propre sélection nationale en 1996, avec l’accord de la FIFA. Montserrat (206e au classement FIFA de juin 2012), plus connu pour son volcan et sa capitale rayée de la carte que pour son équipe nationale, les Îles Vierges Britanniques (200e) (10 victoires depuis 1996) et Anguilla (206e). Toutes ses îles sont comparables à nos Territoires d’Outre-Mer et ont finalement emboîté le pas des Bermudes (109e), autre TOM du Royaume-Uni, affiliées à la FIFA depuis 1962 mais qui n’ont jamais su se qualifier ni pour une Coupe du Monde, ni même pour la Gold Cup et dont le premier match se joua...en Islande (bonjour le dépaysement).
Le fameux jeu en triangle des Bermudes
La motivation de ses équipes est variable selon les moyens. Pour les ïles Vierges Britanniques, on lutte avant tout pour la suprématie locale face aux Îles Vierges Américaines (182e), autres sélections nationales d’un territoire organisé, cette fois-ci aux USA et affiliées à la FIFA depuis 1998. Pour Montserrat et Anguilla, idem. Les deux petits poucets du football mondial ont obtenu leurs seules victoires l’une contre l’autre.
Les Bermudes tentent quant à elles de s’approcher de la centième place du classement FIFA, disputant le leadership à Trinidad et Tobago, meilleure “petite” nation des Caraïbes (82e).
Puerto-Rico (137e) est un peu une exception. Son statut n’est pas celui d’un territoire d’outre-mer mais bien d’un état libre, associé aux États-Unis. De cette zone Caraïbes, il possède la fédération sans état la plus anciennement reconnue par la FIFA, en 1960. Cependant, son statut de territoire associé ne lui permet pas d’être qualifié d’indépendant selon les termes de l’ONU.
Enfin, les Antilles Néerlandaises qui formaient l’un des trois états du Royaume des Pays-Bas. Aruba fit secession en 1996. Curaçao et Saint-Martin se séparèrent en deux états distincts en 2010, seule la première constitua une équipe de football nationale. Pour la petite histoire, les Antilles Néerlandaises réussirent l’exploit de battre le Mexique en 1963 au cours de la première édition de la Gold Cup, ce qui leurs permirent de décroche le bâton de Nasazzi (voir notre page : Antilles Néerlandaises sur le site du bâton de Nasazzi) .
Dans le Pacifique, la France représentée par deux sélections nationales
L’autre grande nation colonisatrice qu’est la France n’est pas en reste. Mais il faut aller chercher du côté du Pacifique pour voir des spécificités en termes de sélections nationales. Ainsi, la Nouvelle-Calédonie (155e) dont le statut au sein de la République Française est transitoire, est affiliée à la FIFA depuis 1994. C’est la seule sélection nationale au monde avec Tahiti à participer à une compétition (la Coupe de l’Outre-mer de football) organisée par une autre fédération (en l’occurence la FFF).
Tahiti (179e) (en illustration d'article : l'équipe tahitienne) est la principale rivale de la Nouvelle-Calédonie. Elle concentre les meilleurs joueurs de la Polynésie Française et a réussi l’exploit en juin dernier de remporter l’édition 2012 de l’OFC, ce qui lui permettra pour la première fois de son histoire de disputer la Coupe des Confédérations face au Brésil, l’Uruguay et l’Espagne l’an prochain. Son statut est assez particulier car la France dispose d’une priorité en sélection nationale sur ses meilleurs éléments. C’est ainsi que Marama Vahirua fut sélectionné en équipe de France espoirs alors qu’il n’a aucun lien avec la Métropole.
Plus isolés que les Caraïbes, certaines contrées bénéficient d’un statut particulier de certains états, ce qui leurs permet de bénéficier d’une sélection nationale. Ainsi, les Îles Cook (195e), affiliées à la FIFA depuis 1994 dispose de son équipe, cela même alors qu’elles ont le statut d’état libre associé à la Nouvelle-Zélande. Idem pour Guam (194e), territoire organisé par les USA et les Samoa Américaines (186e), territoire non-organisé des USA.
Nous vous invitons à lire l'histoire de la première victoire de l'équipe des Samoa Américaines après 17 ans d'existence en cliquant sur l'image, c'est assez fun
Hong-Kong et Macao, une indépendance uniquement footballistique
Hong-Kong est rétrocédée par le Royaume-Uni à la Chine en 1997 après une concession de 100 ans et en 1999 par le Portugal pour Macao en 1999, ces deux territoires sont devenus des provinces chinoises, avec un statut de régions administratives spéciales. Affiliée à la FIFA respectivement depuis 1954 et 1978, chacune des deux fédérations a conservé son indépendance, son championnat et donc sa sélection nationale.
Le Hong Kong Stadium
La Palestine, reconnue par la FIFA mais non en tant qu’état par l’ONU
Affiliée à la FIFA depuis 1998, la fédération de football de Palestine est une exception. Si du côté du siège de New-York, on se bat pour déterminer quel est le statut des territoires palestiniens, à Zurich cette question semble tranchée. Une équipe palestinienne existait avant la création d’Israël mais elle était composée uniquement de joueurs juifs. Créée en 1962, la fédération palestinienne ne sera reconnu qu’en 1998 par la FIFA, dès lors que l’autorité palestinienne fut créée. Ne disposant pas des moyens suffisants pour s’entraîner sur son propre sol, la Palestine s’entraîne habituellement au Qatar.