Lens et les dangers de l'austérité
Depuis le changement d'entraîneur, le Racing Club de Lens retrouve ses couleurs. Avec en ligne de mire, le podium de Ligue 2, synonyme de retour dans l'élite, l'avenir des Sang et Or est toujours aussi trouble. Après avoir réduit toutes les dépenses qu'il était possible de réduire, le club perd presque 10 millions d'euros par an, l'austérité est-elle vraiment la solution?
Depuis le changement d'entraîneur, le Racing Club de Lens retrouve ses couleurs. Avec en ligne de mire, le podium de Ligue 2, synonyme de retour dans l'élite, l'avenir des Sang et Or est toujours aussi trouble. Après avoir réduit toutes les dépenses qu'il était possible de réduire, le club perd presque 10 millions d'euros par an, l'austérité est-elle vraiment la solution?
Cela ne vous a pas échappé si vous suivez la Ligue 2, depuis la nomination d'Eric Sikora au poste d'entraîneur, le RC Lens est transformé. Relégables sous Jean-Louis Garcia, l'icône artésienne a remis le club sur les rails n'ayant perdu que son premier match. Après 12 matchs sans défaite, les Sang et Or ont de quoi passer de bonnes fêtes. Nouvelle identité de jeu, rappelant que Sikora a appris le métier aux cotés de Daniel Leclercq et Francis Gillot, un effectif conquérant, à 5 points du podium, Bollaert vibre à nouveau et rêve à un retour parmi l'élite. Mais c'est oublier trop vite que le club n'est encore qu'en convalescence.
UN EFFECTIF JEUNE ET LIMITE
Soucis d'économies oblige, le RC Lens, à la demande du Crédit Agricole, actionnaire majoritaire, fait des économies partout ou il peut en faire. A l'intersaison, Antoine Sibierski a du se résoudre à n'enrôler que des joueurs libres - dont la plupart avait déjà donné leur accord à Gervais Martel - et se séparer de joueurs d'avenir pour renflouer les caisses. Après Varane et Aurier, c'est au tour de Kondogbia et de Thorgan Hazard de s'en aller sous d'autres cieux. Julien Toudic, en conflit avec l'entraîneur sera également prêté. Les arrivées ne sont pas emballantes sur le papier et font croire que le Racing ne visera rien d'autre que le maintien. C'est d'ailleurs l'objectif affiché, en début de saison, par la nouvelle équipe dirigeante : la 16ème place de L2.
C'est donc sur son centre de formation et quelques briscards de L2 que le Racing s'appuie pour redorer son blason... Mais l'effectif d'Eric Sikora aurait-il atteint ses limites? La série d'invincibilité prends dans l'euphorie du changement d'entraîneur, les victoires l'ont été à l'arrachée pour faire place à des matchs nuls obtenus dans des conditions identiques. Des renforts sont souhaités, non pas pour un maintien qui semble désormais à leur portée, mais pour une remontée désormais dans toutes les têtes.
RIGUEUR BUDGETAIRE
Mais voilà, le Crédit Agricole fait des économies sur tout : le personnel a été réduit à son minimum, certains anciens de la maison aident même le staff de manière bénévole comme Daniel Moreira, assurant les entraînements de la CFA en attendant le remplaçant de Sikora, où encore Patrick Barul et Cyril Rool, qui supervisent les futurs adversaires des Sang et Or. On ne sait si des contreparties ont été promises pour plus tard.
Après avoir fermé la tribune Trannin, afin de réduire les coûts de fonctionnements du stade, l'équipe dirigeante se heurte à un sujet sensible : son fidèle public. Après le flop de l'opération "monrclens", en partenariat avec My Major Compagny, on cherche toujours à faire les fonds de poches des supporters peu réputés pour être des candidats à l'exil fiscal. A l'occasion de la réception de Rennes en coupe de France, la billetterie affiche des prix jusque là jamais pratiqués à ce niveau de la compétition. Lendemain de fête et jour de galette des rois, Bollaert ne battra pas de record d'affluence, comme depuis le début de saison. Comme si les matchs à 18h45 n'étaient pas assez, les fidèles non-abonnés sont priés de faire un effort, y compris dans les tribunes populaires.
L'HEURE DES CHOIX
Encore plus de rigueur ou alors investir pour retrouver la Ligue 1 et ses recettes de droits TV? Chaque mois, le Racing Club de Lens perd environ 800.000€ la faute à des infrastructures de niveau européen qui ne sont pas finançables par un club de Ligue 2. Une augmentation de capital devrait intervenir dans les prochains jours afin de permettre au club de rendre des comptes à l'équilibre. Alors comment le Crédit Agricole va-t-il gérer ce mercato? Toujours à la recherche d'économies? Actuellement plafonnée à 6,3 M€, la masse salariale sera réduite grâce au départ d'Hamdi Kasraoui pour Sfax. Gardien remplaçant, l'effectif n'en sera pas affaibli, mais attention à ne pas vouloir se séparer de joueurs pour des seules raisons économiques. Bénéfique à court terme, cela détruirait le club très rapidement.
Alors que Lalaina et Valvidia entendent les sirènes de la Ligue 1, seul le cas David Pollet pourrait faire évoluer la tendance. N'ayant toujours pas signé la prolongation de son contrat se terminant en juin, il pourrait, en cas de probable refus, être revendu dès janvier afin de remplir les caisses. Mais sa valeur marchande ne pourra faire respirer le club que sur 2 mois tout au plus, et l'effectif ne serait toujours pas assez solide pour espérer un podium. Ce podium semble fort lié à la volonté des actionnaires d'investir ou non dans des renforts hivernaux.
L'heure du choix a sonné. Soit le Crédit Agricole reste dans sa politique rigoriste et devra, pour une saison supplémentaire, combler les pertes du club proches de 10M par an, se séparer de ses meilleurs éléments pour limiter la casse, et repartir avec un effectif à nouveau chamboulé. Soit il sort 1 ou 2M€ dès aujourd'hui pour se renforcer et se donner une réelle chance aux Sang et Or de retrouver la ligue 1 et des droits TV qui lui permettront de retrouver un équilibre financier, mais également d'attirer plus facilement un éventuel repreneur. Dans un cas, la Ligue 1 n'est plus prête de revoir un de ses clubs les plus populaires parmi elle, dans l'autre, tous les espoirs seront permis. Comme quoi, en politique, comme en football, la rigueur et l'austérité ne donnent pas vraiment d'espoir à long terme.
