Les pistonnés
On connait tous quelqu'un qui est arrivé dans une entreprise parce qu'il est le fils, la nièce ou le petit cousin de... et ça va du simple stage au poste de directeur, que l'on va donner à son protégé plutôt qu'à un inconnu. On pourrait croire le football professionnel épargné par ces pratiques. En effet, le sport de haut niveau ne récompense que les meilleurs et ne semble pas être adapté à l'arrivisme. Et pourtant...
On connait tous quelqu'un qui est arrivé dans une entreprise parce qu'il est le fils, la nièce ou le petit cousin de... et ça va du simple stage au poste de directeur, que l'on va donner à son protégé plutôt qu'à un inconnu. On pourrait croire le football professionnel épargné par ces pratiques. En effet, le sport de haut niveau ne récompense que les meilleurs et ne semble pas être adapté à l'arrivisme. Et pourtant...
ON VA PAS SE BATTRE ENTRE FRERES ?
Non, pas la peine de vous battre messieurs Cantona et... Cantona. Si l'un est le King, l'autre est loin d'être un prince, à la limite, on pourrait lui trouver un rôle de troubadour. Alors qu'Eric explose à Auxerre, Joël est essayé timidement par un OM qui n'attire pas encore les grands noms. Mais le cadet de la famille ne fera qu'une carrière de joueur moyen, avec un gout pour le changement. De 1987 à 1994, il fréquente dans l'ordre : Rennes, Meaux, Royal Antwerp (Belgique), Angers, La Rochelle, Meaux (encore), Ujpest (Hongrie) et Stockport County (Angleterre) avant que la carrière de Joël ne prenne un étonnant virage. En 94, l'OM est rétrogradé en deuxième division suite à l'affaire OM-VA. Joël Cantona, 27 ans, et 8 clubs pas très glorieux à son actif, revient dans une ville marquée par cette affaire, et un club qui veut redorer son blason, quitte à ce que ce soit un peu de poudre aux yeux. Un transfert inespéré pour le minot des Caillols qui changera sa vie. Si au niveau sportif, il se contentera d'une trentaine d'apparition en 2 ans (il mettra ensuite un terme à sa carrière), Joël deviendra médiatique (publicité, cinéma, consultant pour direct 8, etc...) plus grâce à son nom qu'à son talent.
MON PAPA A MOI EST UN GANGSTER
Le fils du guide aime le foot, et il se donne les moyens d’y arriver. Grace aux moyens mis à sa disposition par le régime de son père, Saadi Kadhafi fait une carrière tranquille en Lybie, à Al-Ahly Tripoli. Les arbitres y ont des consignes protectrices envers le compagnon d’Alice (Wouhou !) et son club, mais Saadi rêve du pays des merveilles. En 2000, il tente d'intégrer en vain le champion malte de Birkirkara, ou de nombreux joueurs entretiennent des liens d'amitiés avec le fils Kadhafi. Ce dernier espérait, en rejoignant ce club, fondateur de l'Association Européenne des Clubs (ECA), pouvoir évoluer en Ligue des Champions, afin d'ajouter un paragraphe à son CV. C'est finalement en 2003 qu'il réalisera son rêve européen. Après avoir racheté 7,5% de la Juventus, Saada Khadafi jouera un match pour Pérouse avant d'être épinglé pour dopage. Il retentera sa chance, une fois sa suspension terminée, avec Udinese (10 minutes de jouées) puis à la Sampdoria ou on ne le verra jamais porter le maillot de l'équipe première.
JE SUIS MON PERE
On ne sait pas s'il passera lui aussi du coté obscur de la force pour rejoindre la liste des mal-aimés du football. Ce n'est pas son récent tatouage au mollet : "Forza Puel", qui fera de Grégoire Puel, une icône des Gones. En tout cas, on peut dire qu'il est bien protégé par son papa. Quand il entraîne l'AS Monaco, son petit Grégoire y suis sa formation. Quand il part à Lille, il emmène le petit avec lui. Et une fois à Lyon, l'entraîneur le plus détesté qu'ai connu l'OL demandera aux recruteurs d'aller superviser un jeune du LOSC : Grégoire Puel. Le club flamand n'étant pas enthousiaste à le retenir, son transfert fut conclu sans aucune difficulté. Si, à l'époque ou son père dirigeait l'équipe, il a fait une apparition en A lors d'un match de préparation à Lisbonne, il ne jouera que 18 matchs pour un but (il est attaquant...) lors de sa saison en CFA. Pour connaitre sa future destination, il faudrait peut-être attendre que papa trouve un club.
EMPLOI FICTIF
S'il n'est pas le plus médiatisé des pistonnés, Guillaume Bouisset est le parfait exemple du coup de pouce. En 2000, Lens vient de réaliser ses 3 meilleures années de son existence. Après un titre de champion et une coupe de la Ligue, le club artésien vient d'achever sa saison en échouant aux portes de la finale de l'UEFA, face à Arsenal. Et en coulisse, l'argent coule à flot. C'est l'âge d'or du Racing qui flambe à tout va, s'offre les services du très médiatique, Courbis et offre un contrat juteux à un joueur de 27 ans, au chômage après sa saison à Amiens (2ème division). A Lens, très peu de supporters se souviendront de cet inconnu, qui, même en CFA, ne s'imposera jamais. Pour justifier son gros salaire (on parle de 50K mensuel), Tournay lui offrira 3 minutes de jeu, alors que le club n'a plus rien à jouer. Alors même qu'il était sous contrat, certains auront pu l'apercevoir à Bollaert... entrain de tracer les lignes du terrain. Un employé du club confiera ironiquement qu'il préparait sa reconversion. Reconversion obtenue au sein du club, puisque qu'il sera en charge du RCL café (qui fermera faute de rendement) avant d'intégrer l'administration du RC Lens. Mais quel est celui qui a eu l'idée d'offrir ce que l'on pourrait qualifier d'emploi fictif? Ce n'est autre que beau-papa, alias Francis Collado, qui a donné là à son gendre, une place que beaucoup aimeraient avoir. C'est seulement avec la seconde descente en Ligue 2 que le RC Lens se séparera de cette anomalie.
LA GLOIRE DE MON PERE
Ces derniers jours, on en a tous entendu parler : l'apparition de Enzo Zidane à l'entraînement de l'équipe première. Tout le monde l'attend comme le messie, le fils de Dieu, qui sauvera l'équipe de France au président contesté. Mais Enzo Zidane doit-il cette apparition à un talent hérité du joueur de tête le plus illustre que l'hexagone ait connu. Mais si Enzo n'a pas encore choisi entre l'Espagne et la France, c'est qu'il n'a dans ses pieds ni de Francescoli dont il a le prénom, ni de Zidane dont il porte difficilement le nom. Parce que malgré tout le tapage médiatique fait autour du fils du prodige, Enzo n'a jamais eu à répondre d'une sélection et n'évolue qu'avec l'équipe C des moins de 17 ans du Real. Cet entraînement, lors d'une période où beaucoup d'internationaux étaient en sélection, ressemble plus d'un cadeau de Mourinho à son ami Zizou, voire un coup de comm, plutôt qu'une véritable récompense pour son rendement en équipe de jeunes.
PAS ASSEZ CHER MON FILS
Alors qu'il déclarait il y a quelques années que personne, pas même son père n'avait cru en lui, Johan Gerets (29 ans) a failli obtenir un joli coup de pouce de son papa. Sélectionneur du Maroc, c'est sur les conseils d'Eric Gerets que le Widad Casablanca prendra à l'essai le fils de l'ancien entraîneur belge de l'OM, sans contrat après son passage à Visé (2ème division belge). Malgré le réseau paternel dans le monde arabe, Johan restera en Belgique, au Patro Eisden Maasmechelen, en 3ème division. Après sa formation à Bruges, personne n'aura voulu croire en Johan... probablement une erreur des recruteurs européens.
DUR DUR D'ETRE LE BEBE
S'il en est un qui a plus ou moins réussi sa carrière, c'est Jordi Cruijff. Bien entendu, très loin d'avoir le talent et l'aura de son illustre père, il aura pu bénéficier de ses conseils et de son piston. Après avoir débuté à l'Ajax, ou Johan est entraîneur, il s'incruste à 14 ans dans les bagages du paternel pour finir sa formation au Barça. La période de Jordi Cruijff à Barcelone se terminera en même temps que celle de papa. Transféré à Manchester United après avoir disputé l'Euro 96, il est souvent blessé et joue peu. En 2000, il revient en Espagne au Déportivo Alaves ou il sera un des grands artisans de l'épopée européenne se terminant par une finale de l'UEFA face à Liverpool qui restera dans les mémoires. Désormais secrétaire technique de l'AEK Larnaca (Chypre), il attend l'heure de son neveu, Joshua Angoy Cruijff 18ans, récemment transféré à Wigan après avoir été formé... à Barcelone.
Hormis quelques rares exceptions, les performances sportives de haut niveau semblent rarement héréditaires. En effet, à part la famille Noah qui perpétue l'excellence sportive de père en fils mais dans des disciplines chaque fois différentes (Zacharie en football, Yannick au tennis et Joachim au basket), peu d'exemple nous viennent à l'esprit et la plus part des "fils" ou "frère de" s'apparentent souvent à des coups médiatiques (on pourrait citer Lesly Malouda ou Simon Feindouno) voire des pratiques peu éthiques et qui s'avèrent très handicapantes pour les clubs qui les subissent.