Les colons de Catane sont Argentins
En accueillant Bergessio (ex – Saint Etienne) et Diégo Simeone sur le banc en tant qu’entraîneur, le Calcio Catane peut entrer dans l’Histoire si il le souhaite : Aligner 11 joueurs argentins en plein cœur du championnat italien. Présentation d’un petit coin de Buenos Aires en plein cœur de la Sicile.
Le Calcio Catania est peut être le moins connu des clubs siciliens. Dans l’ombre de son rival Palermo, les Elefanti ont plus souvent végété en Série B et Série C qu’en première division. De retour au plus haut niveau depuis 2006 après 22 ans d’absence, ils avaient surtout alimenté la colonne des faits-divers par le triste 2 février 2007 où un policier trouva la mort suite au derby de la Sicile les opposant à Palerme.
Encore aujourd’hui, ce n’est pas grâce à leurs résultats sur leur terrain qu’ils se font un nom (le club est plus habitué au ventre mou) mais parce qu’ils détiennent une spécificité : la colonie argentine se porte à 13 joueurs et à son entraîneur, l’illustre Diego Simeone. On compte ainsi plus de joueurs de la Pampa que d’Italiens, en pleine série A ! Mieux, si il lui venait l’envie, l’ancien interiste pourrait se permettre d’aligner un onze composé uniquement d’Argentins, chacun des postes pouvant être occupés par l’un d’entre eux.
Parmi eux on compte 1 gardien (Andujar), 3 défenseurs (Spolli, Silvestre, Alvarez), 6 milieux (Carboni, Ledesma, Izco, Llama, Dario Gomez, Ricchiuti) et 3 attaquants ( Maxi Lopez, Bergessio, Barrientos, ce dernier étant prêté à l’Estudiantes), soit 45% de l’équipe ! Les Italiens, pourtant à domicile ne représentent que 39% de l’effectif, laissant quelques miettes aux autres nationalités…
Bien sûr, mis à part Maxi Lopez, peu de noms ronflants. Mais ils composent tout de même la charpente de l'équipe puisque 7 d’entre eux comptent le plus de temps de présence sur le terrain, cela même avant l’arrivée de Simeone sur le banc.
Est-ce vraiment une bonne chose de disposer d’autant de joueurs d’une même nationalité ? Ce contexte n’est-il pas profitable à la création de clan ? Qui plus est, cette « argentinalisation » de l’équipe est plutôt récente, Catane ne compte aucun glorieux joueur de la Céleste qui aurait pu attirer ses compatriotes…
Si Diego Simeone le souhaite, il pourrait aligner un jour l'équipe suivante, composée uniquement d'Argentins
Des explications à chercher du côté de l’histoire et des facilités administratives
L’Italie, et particulièrement l’Italie du Sud a connu une forte émigration au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle. En 1880, l’Italie connaît une crise sans précédent alors que les grandes puissances européennes sont en plein essor. C’est à cette époque que débute les grandes vagues d’exil à destination des autres pays européens demandeurs de main-d’œuvre (France, Belgique) ou les Etats-Unis, nouvel eldorado économique.
L’Amérique du Sud devient une destination de choix pour les Italiens à partir de l’entre-deux guerres. Crise économique et protectionnisme oblige, les puissances occidentales ferment leurs portes. Le Brésil et l’Argentine, qui émergent doucement, deviennent alors les contrées privilégiées de ces migrants de l’Italie du sud, principalement agriculteurs et qui ne rechignent pas à la tâche.
Aujourd’hui, on ne compte pas moins de 25 millions de personnes d’origine italienne au Brésil et 18 millions en Argentine ! Les « Tanos » comme on les appelle là bas fait directement référence aux « Napolitanos », ville connue pour être un point de départ important de l’Italie du Sud.
Ainsi, il est facile pour ces Argentins de justifiés d’origine italienne, même si 20 ans après l’arrêt Bosman et ceux qui ont suivi, les restrictions de joueurs étrangers ne veulent plus dire grand-chose...
