La chouette histoire du Wimbledon AFC
Le Wimbledon AFC est un club atypique. Furieux de voir leur équipe déménager à Milton Keynes, ville située à 90 km de leur quartier, des supporters décident de refonder leur club local. Ils sont aujourd'hui en Npower League 2 (4e division – premier échelon professionnel) et compte ne pas en rester là. Chronique d'une jolie histoire au pays du football business.
Le Wimbledon AFC est un club atypique. Furieux de voir leur équipe déménager à Milton Keynes, ville située à 90 km de leur quartier, des supporters décident de refonder leur club local. Ils sont aujourd'hui en Npower League 2 (4e division – premier échelon professionnel) et compte ne pas en rester là. Chronique d'une jolie histoire au pays du football business.
ALLER VOIR SI LA PELOUSE EST PLUS VERTE AILLEURS QU'A WIMBLEDON
Que l'on mette les choses au clair tout de suite, ce n'est pas sur le terrain que le Wimbledon Football Club a marqué l'histoire du football britannique. Devenu professionnel en 1977, il faudra attendre 1986 pour voir le club atteindre la First Division et 1988 pour le voir décrocher un trophée, en l'occurence la F.A. Cup en 1988, face à Liverpool. Dave Beasant devient un Saint pour les fans locaux en étant le premier gardien à stopper un pénalty en finale de la FA Cup. Manque de bol, cette victoire qui donnait droit à la participation en Coupe d'Europe des Coupes se trouve en plein milieu de la période d'exclusion de 6 ans des clubs anglais des joutes européennes, suite au drame du Heysel en 1985.
A cette époque, on surnomme tout ce qui gravite autour du club (supporters, joueurs, dirigeants) « the crazy gang ». Après la victoire en Cup, le chairman Sam Hammam crie haut et fort que toutes l'équipe première est à vendre, il promet à Dean Holdsworth qu'il lui offrirait un chameau si il inscrit plus de 20 buts. L'ambiance qui régnait dans ce club se situait entre l'excentricité, la blague graveleuse et l'amateurisme. Pour caractériser le jeu de l'équipe, Gary Lineker dira d'eux que « le meilleur moyen de regarder un match de Wimbledon, c'est sur minitel ». L'équipe est physique, parfois violente, mais cet esprit très « bande de potes » renforce la cohésion du groupe.
Denis Wise (ex-joueur de Chelsea également) et Vinnie Jones sont les deux figures de proue de cette tendance. Concernant ce dernier, il est justement l'anti-Lineker par excellence. Brutal, hargneux, dénué de qualités techniques sauf dans la découpe de viande, Vinnie ferait passé Rool ou Jurietti pour des bloggeuses de mode. Il excelle tellement dans son art qu'il fait l'objet d'une VHS à l'époque, intitulée « Football Hard men » qui retrace ses plus grands exploits, entre son écrabouillage de testicules de Gascoigne, son tacle assassin sur Gary Stevens (qui ne s'en remettra jamais) ou sa double lame sur Marco Gabiodino. Une étiquette de bad boy qui lui collera au front jusqu'à aujourd'hui, dans sa carrière d'acteurs puisqu'on a pu le retrouver en tant que Juggernaut dans les X-men ou dans Arnaque, crimes et botanique et Snatch de Guy Ritchie.
WIMBLEDOWN
Souvent dans la première moitié de tableau au cours des années 90, les « Dons » sont avant tout une équipe de coupe, ralliant à de nombreuses reprises les quarts de la FA Cup. Le club du sud de Londres semble également souffrir d'un mal persistant, démarrer sa saison en fanfare avant de s'écrouler après le mois de Mars. Une dégringolade qui verra son apogée en 2000, 14 ans après sa montée, Wimbledon redescend en Second Division. Lors des deux saisons suivantes, ils lutteront pour la remontée mais échouent à chaque fois au cours des plays-off.
Parallèlement à son histoire sportive, le club se cherche un stade depuis sa montée en Premier League. Soucieux de bénéficier d'un équipement qui accompagnerait le développement économique du club, Sam Hammam s'était vu proposer un stade flambant neuf de 20 000 places du côté de Merton, cela en 1988. Il faut dire que Plough Lane, domicile du club est une véritable antiquité, bien plus que les rotules de Jérôme Leroy. Malheureusement, le projet échoue, le conseil municipal préférant y construire un parking.
Plough Lane, l'antre des Dons jusque 1992
En 1991, le rapport Taylor est publié. Suite aux problèmes de hooliganisme qui ont pourri le football anglais des années 80, il oblige l'ensemble des clubs de First Division à jouer dans un stade où l'ensemble des places sont assises. A partir de 1992, les Dons partagent donc le stade de Crystal Palace, le Selhurst Park. Cette location d'une autre enceinte va plomber les comptes du club. Hammam supporte de moins en moins les atermoiements du conseil municipal de Merton (comté où se situe Wimbledon) et refuse cependant la rénovation du Wimbledon Stadium...enceinte de stock-car située à quelques mètres de Plough Lane. C'en est trop pour le Chairman qui met sa menace à exécution et décide de se trouver un nouveau point de chute. Au grand dam des supporters locaux.
Vue aérienne de Milton Keynes
A 90 kilomètres plus au nord, la ville nouvelle de Milton Keynes est fondée dans les années 60, afin de désengorger la capitale londonienne (des expériences similaires ont été réalisées en France à la même époque, Créteil, Cergy Pontoise, Villeneuve d'Ascq et bien d'autres sont des villes nouvelles). La ville et ses environs ne bénéficient pas d'une équipe présente dans les quatre premières divisions. Un fardeau lorsqu'on connaît l'attachement des anglais à leur équipe locale, l'absence de club digne de ce nom ne permet pas à la ville de renforcer son identité. Dans les années 80, le conseil municipal de Milton Keynes tentera bien un rapprochement avec le club « voisin » de Luton (32 km) mais les fans s'y opposeront.
Hammam de son côté explose de colère lorsque le conseil municipal de Merton refuse l'implantation d'une de ses usines. Bien décidé à quitter le sud de Londres, il recherche activement à relocaliser son club à...Dublin. La Fédération Anglaise accepte, mais celle d'Irlande pose son véto. Il revendra finalement le club à deux investisseurs norvégiens et deviendra président de Cardiff City en 2000.
C'est à cette époque que le consortium du stade de Milton Keynes (alliant Wall Mart et Ikéa, rien que ça) revient à la charge. Proposant la construction d'une enceinte de 30 000 places, un supermarché, un Ikea et des hôtels, le projet ne peut voir le jour que si l'équipe se situe dans l'une des quatre premières divisions. Charles Koppel, nouveau chairman des Dons accepte la proposition de relocalisation en 2001.
Même l'oncle Fester a les boules
DE WIMBLEDON FC AU WIMBLEDON AFC
C'est un coup de tonnerre sans précédent dans le monde du football. Pour la première fois, une équipe professionnelle d'une réelle envergure est déplacée dans une autre ville, comme une vulgaire franchise de sports US. En 2002, quelques semaines après l'annonce de la Ligue d'autoriser ce déplacement, une association de supporters voit le jour afin de ressusciter un club de football dans le quartier, l'AFC Wimbledon voit le jour. L'équipe partage alors le terrain avec le club de Kingstonmeadow, ville voisine de Merton. En 2002, elle démarre sa nouvelle aventure en combined country league, l'équivalent du 9e échelon du championnat anglais. Le 10 janvier 2004, après un match nul, l'équipe met fin à une série de 32 victoires consécutives, un record et le 4 décembre de la même année, elle établit un nouveau record d'invincibilité : 78 matchs de championnat sans être battue. En 2006 et 2007 le club atteint les playoffs mais n'est pas promu. Il faudra attendre 2009 pour que le club reprenne sa marche en avant et l'année dernière pour qu'il valide sa place en Football League Two.
L'enceinte des Kingstonians qui peut accueillir 4 500 spectateurs
UN EQUILIBRE PRECAIRE MAIS UNE INITIATIVE VALEUREUSE
Le club est organisé en Industrial & Provident Society, détenu à 75 % par les supporters de Wimbledon AFC. Cependant, en 2003, une part du capital fut revendue afin de financer le rachat du stade de Kingstonmeadows. Là aussi, l'initiative est intéressante puisque les deux clubs se sont alliées afin de partager le rachat du terrain. Le précédent propriétaire des Kingstonians ayant laissé d'importantes dettes, c'est le Wimbledon AFC qui va emprunter pour éponger le passif de son allié. Afin de sceller l'amitié entre les deux clubs, chaque année se tient le Trevor Jones Memorial Trophy en avant-saison qui est l'occasion de jouer pour montrer les liens qui ont unit les deux clubs dans l'adversité.
L'AFC Wimbledon peut également compter sur le soutien d'un allié de poids, très connu de nos amis les geeks du foot : Sport Interactive et son Football Manager sponsorise les Dons depuis la création du club en 2002.
Le MK Stadium : Conçu initialement avec une cible pour recevoir les centres de Bernard Mendy lorsque celui-ci évoluait à Hull City
Et les Dons de Milton Keynes ? Ils ont rejoint leur flambant neuf Stadium MK depuis 2007 et végète depuis 2008 en League One...soit une division au dessus de l'AFC. Paul Ince ou Roberto Di Matteo sont venus apporter leur expérience en tant qu'entraîneur mais rien n'y fait, le club ne décolle pas, sauf peut être cette année où le club est actuellement second après 11 journées jouées.
La peur de rencontrer l'AFC Wimbledon si ce dernier persiste dans sa fulgurante ascension ?
Le site de l'association des supporters du Wimbledon AFC
Et si vous voulez plus d'informations sur ce qu'est le Crazy gang de Wimbledon, consultez ce magnifique article de Guy Truite : [ICI]
Ainsi que le commentaire de Kevin Qui Gagne ci-dessous !
Oh et jamais deux sans trois, le blog Teenage Kicks des Cahiers du Football, le foot anglais vu différemment : [ICI]