Depuis 3 ans maintenant, on assiste à une déliquescence du Racing Club de Lens, un club qui avait tout de même reçu la distinction de 2ème meilleur club français au cours de la période 2000-2010, cela derrière l’ogre lyonnais. Paradoxalement, Lens traîne la réputation d’un « club familial », aux valeurs et aux supporters d’un autre temps, souvent raillés par les grosses écuries de l’hexagone. Le déclin du Racing Club de Lens s’explique-t’il alors par son incapacité à s’adapter au football des années 2000 ?
Un héritage des années 90 responsable de la relégation
Mai 2007, le Racing s’effondre lors du dernier match face à Troyes (3-0), club déjà reléguable à l’aube de la 38e journée. Francis Gillot, alors entraîneur en poste, démissionne après avoir passé une bonne partie de la saison sur le podium de la Ligue 1. Tout le monde connaît la suite : Guy Roux, Papin / Leclercq, la relégation puis la remontée dans la foulée avant d’offrir de nouveau cette saison un spectacle pitoyable aux fidèles des travées de Bollaert.
Le Racing Club de Lens a traversé la fin des années 90 et le début des années 2000 en s’appuyant sur un milieu de terrain qui a fait sa réputation : 2 molosses derrière un numéro 10, en général de petite taille mais créatif et bénéficiant d’une bonne vision de jeu : Ziani, Pédron, Sibierski, Carrière et Roudet. C’est finalement cette catégorie de joueurs que le R.C.Lens a abandonné au cours de sa traversée du tunnel, privilégiant la puissance athlétique à tous les postes plutôt que les qualités techniques. Un rapide coup d’œil aux recrutements qui se sont succédés de 2007 à 2010 illustrent que les Lensois ont d’abord privilégié la force au fond de jeu : Aubey, Belhadj, Laurenti, Sidi Keita, Mangane, Akalé, Kalou, Pieroni ou Rémy abondent dans ce sens en 2007/2008, chacun à leur poste, ils offrent un profil tout en muscle, au détriment de la qualité technique. Yahia, Chelle, Veselinovic ont rejoint le club en Ligue 2, championnat réputé plus rugueux et moins technique que la ligue 1.
Au rayon des « artistes», peu s’imposeront : Carrière est barré par Guy Roux puis par Papin dans un premier temps, Monterrubio s’offre un CDD de 6 mois avant de quitter le navire pour rejoindre la Suisse, Doumeng,Sertic et Milovanovic ne s’imposeront jamais. Ensuite ? Et bien c’est à peu près tout hormis Roudet qui peine à trouver une certaine constance. Les joueurs offrant actuellement le meilleur touché de balles…sont des milieux défensifs : Sow et Hermach, deux produits pur sang et or. On comprend alors un peu mieux pourquoi la blessure qui a écarté Samba Sow des terrains lors de la première moitié de saison a été vécue comme un drame par Jean Guy Wallemme.
Face à une défense à trois mise en place lors de l'entrainement, Jemaa peine à imposer son exceptionnelle technique.
Un échec qui ne semble pas avoir servi de leçon
Malheureusement et alors que la profession s’accorde pour dire que le modèle à suivre est celui du FC Barcelone, tant dans la formation que dans le registre tactique (un jeu volontairement tourné vers l’offensif, principalement en 4-3-3, avec une bonne circulation de balle à base de joueurs techniquement doués), les jeunes à venir sont avant tous de grands gaillards : Sow offre une alliance intéressante de technique et de force , en défense Varane et Situ (1m91 et 1m87) répondent au profil-type du poste, Aurier (défenseur droit - 1m74, 75 kg) est un mètre cube de muscle, Kongdobia (milieu - 1m88) et Alexandre Coeff (1m84) ont sensiblement le même profil. Tous ces joueurs ont fait au moins une apparition en Ligue 1 cette saison mais aucun ne correspond véritablement au profil que recherche les clubs aujourd'hui.
Quid d’un meneur de jeu, petit, vif et bénéficiant d’une bonne lecture du jeu, poste qui fait cruellement défaut au Racing Club de Lens depuis le départ d’Eric Carrière ? Dylan Deligny (ailier, 18 ans) ou Thorgan Hazard attendent leur tour en CFA ou en moins de 19 ans, alors qu’ils ont le profil type que s’arrache nombre de grands clubs mais là encore, ce ne sont pas des meneurs de jeu…Paradoxale d’autant plus lorsqu’on sait que l’arrivée de Daniel Leclercq en tant que directeur sportif avait pour objectif d’instaurer la culture « 4-3-3 » à toutes les équipes du club…
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Consultez notre dossier "Le Racing Club de Lens est-il un club archaïque?" :
- Lens et trompettes? de l'histoire ancienne [cliquez ici]
- Gervais Martel, le fer de Lens pendant qu'il est encore chaud [cliquez ici]
Urbaniste maudit, passionné des phénomènes sociaux qui gravitent autour du foot, il est le dernier fan en vie du 4-2-4.
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