Moins inquiétant mais tout aussi symptomatique de l’image archaïque que traîne le club, c’est son image dans les tribunes. La plaie médiatique qui s’abat sur le football français ne cesse de clamer haut et fort que Lens possède le meilleur public de France, elle ne se lasse pas d’entendre les Corons sous fond d’interview d’un joueur à l’orée de la seconde mi-temps et n’hésite pas à faire des gros plans sur un supporter d’une cinquantaine d’année, rougeaud de nez et jaune de foie tendre fièrement son écharpe. Or, ces images d’Epinal bien loin des Vosges sont également bien loin de la réalité sociologique des travées de Bollaert.
Le Kop, tout d’abord est composé d’une multitude d’associations dont le 12 Lensois est encore quantitativement la plus représentée. Mais l’animation de la Marek est portée par les Red Tigers, les « ultras » lensois. Les kapos sont issus de cette association plus jeune et plus dynamique que le 12 Lensois. Si l’entente entre chaque section est cordiale, il n’est pas rare de voir les jeunes ultras regrettaient la présence de « touristes », abonnés des vieilles sections et qui donnent bien moins de voix que ces jeunes loups. Euh. Tigres. On peut penser que cette décennie est une transition dans le supportéisme du Racing. La direction l’a bien compris en laissant le placement libre dans le Kop (ce qui, de fait, était déjà le cas mais pouvait conduire à des litiges) et en faisant miroiter un retour à une Marek debout avec la rénovation du stade.
Dans les tribunes derrière les buts (Delacourt et Trannin), on assiste à des épiphénomènes. Les tribunes niveau 0 bénéficient de prix encore accessibles. En Trannin niveau 0, hormis le parcage visiteurs l’on retrouve également le JSO (Jeunesse Sang et Or) ouverts aux enfants de 0 à 16 ans et à leurs familles et en Delacourt niveau 0, quelques associations qui tentent de se fédérer pour donner de la voix les soirs de match tel que les Bollaert Boys ou les Mexicains.
Aux niveaux supérieurs, la gamme de prix augmentant, on retrouve principalement des spectateurs, n’hésitant pas à se transformer en supporters si le beau jeu est au rendez-vous. Enfin, la tribune Lepagnot accueillant les Premières, Officielles et Présidentielles où l’on retrouve invités, journalistes et Louisette, tenancière à la gouaille imposante qui sort du tiroir de chaque gribouilleur de papier lorsque l’on cherche à illustrer l’image populaire du club…paradoxal également lorsqu’on sait qu’une place en Première coûte 3.5 fois plus chère qu’un siège en Trannin niveau 0.
Au final, l’image que les autres supporters et les médias ont du supporter lensois devrait s’estomper au fil des ans. Le côté populaire ouvrier tend à disparaître au profit d’une culture populaire similaire proche des autres clubs, portée par les associations ultras. Loin d'une quelconque revendication de "meilleur public de France" dont on l'a affublé, le public lensois n'en reste pas moins exceptionnel statiquement parlant : Plus de 31 000 spectateurs de moyenne, au sein d'une ville qui en compte 35 000, une donnée chiffrée que beaucoup de clubs de l'hexagone doivent envier lorsqu'on sait qu'ils ne sont que trois a dépassé la moyenne des 30 000 âmes le soir de match...
---
Consultez notre dossier "Le Racing Club de Lens est-il un club archaïque?" :
- Une composition tactique des années 90 [cliquez ici]
- Gervais Martel, le fer de Lens pendant qu'il est encore chaud [cliquez ici]
Urbaniste maudit, passionné des phénomènes sociaux qui gravitent autour du foot, il est le dernier fan en vie du 4-2-4.
Site Réalisé par Rémi Bastien.
Contact : remi[dot]bastien[at]gmail[dot]com
Site : www.rbastien.com